Emmanuel Macron et Gabriel Attal déambulant dans le Palais de l'Élysée

L’Attal Mania pour relancer le quinquennat

Un début d’année politique sur les chapeaux de roues. Est-ce beaucoup de bruit pour pas grand-chose ?

Lundi 8 janvier 2024, Élisabeth Borne, première ministre depuis juin 2022, s’est fait présenter sa propre démission par Emmanuel Macron. Après un suspense digne d’un film hollywoodien (et surtout après que la France soit restée sans chef de gouvernement pendant plusieurs heures), Gabriel Attal a été nommé premier ministre – le plus jeune de l’histoire de la Vème République. Un choix qui a, parait-il, fait trembler les ministères puisqu’il se dit que Gérald Darmanin et Bruno Le Maire auraient tenté de faire changer d’avis Emmanuel Macron. Ne lorgnent-ils pas sur ce poste depuis 2017 ? Des politicailleries qui ont connu leur apothéose avec Gérald Darmanin qui s’est autoproclamé ministre avant même la fin des arbitrages. Un regain de motivation pour un ministre qui a présenté sa démission un mois plus tôt après le rejet de la loi immigration ?

Alors que retenir de ce gouvernement ? On prend les mêmes et on recommence ? Pas tout à fait. Même si dix ministres déjà en place ont re signé le bail, l’exécutif a connu un virage à droite inattendu. Fini le « en même temps » de 2017 avec des forces de gauche et de droite représentées. Une ombre plane de plus en plus, celle de Nicolas Sarkozy… Un de ses anciens conseillers devient le directeur de cabinet de Gabriel Attal et la nomination de deux de ses plus proches soutiens, Catherine Vautrin, au Travail et à la Santé et Rachida Dati, à la Culture signent l’influence de l’ancien président. Cette dernière, figure des Républicains, est la vraie surprise de ce nouveau gouvernement, personne ne l’avait vraiment vu venir. L’hémorragie se poursuit donc pour Les Républicains qui perdent l’une de leurs figures majeures (déjà qu’ils n’en ont plus beaucoup). Ils se retrouvent coincés entre le parti présidentiel qui se droitise et le Rassemblement National qui se dédiabolise. L’échec de Valérie Pécresse n’était que le commencement d’une mort prochaine pour ce parti à l’héritage historique.

Dernière subtilité dans ce gouvernement, Amélie Ouéda-Castera est promue ministre de l’Éducation nationale en plus de celui des sports et de la jeunesse. Un ministère sur lequel elle n’aura pas vraiment la main, surtout en pleine année olympique. Celui-ci est parti à Matignon avec Gabriel Attal. Idem pour le ministère des Affaires étrangères, confié au novice en la matière Stéphane Séjourné. Un comble quand on connaît la situation actuelle du monde. Mais on le sait aussi, les affaires étrangères sont le domaine réservé d’Emmanuel Macron, il ne veut surtout pas que son ministre lui fasse de l’ombre.

Alors pourquoi ce remaniement ? Il était prédit depuis qu’Élisabeth Borne avait déclenché l’article 49-3 pour la fameuse réforme des retraites. Il arrive début 2024, après une très contestée loi immigration. 2024, une année présidentielle, au cours de laquelle Emmanuel Macron ne compte pas faire de la figuration. 80 ans du débarquement, cérémonie d’ouverture des Jeux Olympiques ou encore réouverture de Notre-Dame-de-Paris, le président va et veut occuper l’espace médiatique. Encore une fois, par ce prisme, la nomination de Gabriel Attal est surprenante. D’une première ministre discrète à un premier ministre populaire, talonnant Édouard Philippe dans les sondages d’opinion…. Cela montre qu’Emmanuel Macron navigue à vue, seulement un an et demi après son élection, on a le sentiment qu’il ne sait pas réellement où il va. Il abat sa dernière carte, celle qu’il a toujours voulu éviter, le premier ministre populaire.

Vous l’aurez compris, ce remaniement a fait beaucoup de bruit pour un simple bal des étiquettes sur la table du conseil des ministres. Pour les actes, on attendra de voir les six premiers mois de ce nouveau gouvernement.

Gardons en tête que, dans les rangs de la Macronie, tout le monde pense à 2027, à commencer par les « stars » du gouvernement, Attal, Darmanin et Le Maire. Une guerre fratricide qui ne fait que commencer. La présidence d’Emmanuel Macron ressemble de plus en plus à une série comme Dallas. Du suspens alors qu’on sait très bien ce qui va se passer. De la com’, de la com’ et encore de la com’. Suite au prochain épisode…

 

Photo : DR : Soazig de la Moissonnière / Photographe d’Emmanuel Macron

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