ANIMALERIES : LE BIEN-ETRE ANIMAL AUX ABOIS

Aujourd’hui, plus d’un foyer sur deux possède au moins un animal de compagnie. Si certains sont adoptés en refuges, d’autres sont achetés dans des élevages ou encore en animalerie. Cependant, dans nombreux de ces commerces, le bien-être animal est secondaire contrastant avec les mesures mises en place afin d’améliorer leurs conditions de détention.

Des destins bien différents selon les animaux

De nombreux témoignages circulent sur la maltraitance dans certaines animaleries, sur le manque de soins, le profit qui passe avant le bien-être animal. Chiens, chats, poissons, NAC (Nouveaux Animaux de Compagnie : lapins, hamters…), tous ne sont pas logés à la même enseigne. Plus un animal vaudra cher à l’achat plus celui-ci aura le droit à des soins. Peu de cas de maltraitance remontent à propos des chiens et des chats notamment, malheureusement, ce n’est pas le cas pour les poissons ou encore les NAC. Margaux, ancienne employée dans une grande enseigne d’animalerie confie « Sur un animal, comme une souris, faire intervenir le vétérinaire revient cher » pour pallier cette dépense, « L’équipe a un minimum de bases en soins pour désinfecter des plaies par exemple ».

D’un point de vue médical, dans un premier temps, les animaux ne sont pas tous égaux. Par ailleurs, certains sont adoptés en grande partie lorsqu’ils sont jeunes et quand ceux-ci grandissent il devient plus compliqué de les vendre, « on se retrouve avec des animaux qui grandissent et qui ne plaisent plus autant que quand ils étaient petits. Cela engorge les cages où ils se retrouvent en trop grand nombre par rapport à l’espace ». Ce sont notamment les lapins et autres NAC qui auraient du mal à trouver preneur. Les chiens et chats seraient, eux, bradés jusqu’à ce qu’ils trouvent une famille. Les NAC et autres poissons sont ceux qui connaissent les sorts les plus tristes. En effet, les poissons malades ne sont pas soignés, tout comme les oiseaux, ou encore les rongeurs. Un animal dans ce genre de lieu bénéficie donc d’une course contre la montre, comme s’il était doté d’une date de péremption, étiqueté avec un prix, celui-ci doit être rentable. Margaux, nous a confié que « Chaque animalerie a une règlementation sur le bien-être animal avec des limites, mais contrairement à ce qu’on pense, c’est à chaque équipe de créer une détention particulière et de faire au mieux pour les animaux ». Aujourd’hui après avoir quitté son entreprise, Margaux ne souhaite pas se rediriger dans ce domaine « à cause de ces conditions de maintenance qui sont totalement différentes d’un magasin à un autre ».

Un problème de réglementation

Afin de limiter les mauvais traitements donnés aux animaux et de surveiller les pratiques des animaleries, il y a désormais des chartes qui sont établies. Malheureusement dans les petites enseignes celles-ci sont rarement respectées c’est alors que la DDCSPP intervient. La Direction Départementale de la Cohésion Sociale et de la Protection des Populations a été créée le 1er janvier 2010 et intervient par exemple chez les vétérinaires, afin de veiller à la protection des animaux. Cependant, un certain problème subsiste. Lorsque celle-ci passe dans les animaleries, un rendez-vous est pris en amont ce qui permet aux entreprises de paraitre en règle lors de leur passage. Leur action est alors limitée, à moins qu’un client ne prévienne la DDCSPP dans ce cas-là, ils passent sans rendez-vous. Par ailleurs, derrière les grandes chaines d’animalerie, il y a souvent un suivi de près, ce qui les empêche de braver certains interdits. Ce n’est pas toujours le cas chez des indépendants. Il faut savoir que le calvaire de certains animaux commence bien avant d’arriver dans ces animaleries. En effet, Margaux confie qu’il « est arrivé qu’on ait des animaux qui meurent pendant le transport ». De nombreuses personnes témoignent des mauvaises conditions de transports qui sont parfois présentes, notamment lors de la réception de la « marchandises ». En dehors de cela, lorsque les animaux ne trouvent pas preneur pour diverses raisons, ce sont souvent les employés qui les adoptent « J’ai récupéré beaucoup d’animaux qu’on ne pouvait pas vendre. Les gens n’adoptent pas des animaux blessés ».

Un nouvel espoir 

Aujourd’hui de nouvelles lois sont mises en place pour encadrer la vente d’animaux et ce, pas uniquement en France. A titre d’exemple, dès le 1er janvier 2019, la vente d’animaux issus d’élevages a été interdite en animalerie dans l’état de Californie. Les animaleries ne peuvent alors plus que vendre des animaux issus de refuges. Fin 2018, c’était la Grande-Bretagne qui annonçait l’entrée en vigueur d’une loi dite Lucy’s law, du nom d’une petite chienne sauvée en 2013 d’une usine à chiots, interdisant aux animaleries la vente de chiots et chatons de moins de six mois. En France, cela fait des années que la fondation 30 millions d’amis demande l’interdiction de vendre des animaux en animalerie.

Effectivement, une prise de conscience réelle est présente en ce qui concerne le bien-être animal et aujourd’hui, 80% des français pensent qu’il est nécessaire de mieux protéger les animaux de compagnie en créant des lois à ces fins ou améliorant celles déjà existantes. Par ailleurs, plus de la moitié de la population est en faveur de l’interdiction de vendre des chiots et chatons lors de salon, dans des animaleries. Un programme politique soutenant cette cause animale a vu le jour en 2016 et a commencé à faire parler d’elle lors des dernières élections. Reconnaissables avec leurs affiches pour les élections mettant en avant non pas un candidat mais plutôt un animal. Isabelle Dudouet-Bercegeay, cofondatrice et coprésidente du parti animalise s’est penchée sur la question et nous a confié que leur programme comprend « une mesure nationale qui permettrait d’éradiquer le problème, c’est-à-dire d’interdire de tirer un profit financier de la cession d’animaux de compagnie. Aucune vente, pas seulement en animalerie mais de manière générale. En ce qui concerne les refuges cela est différent étant donné qu’il ne s’agit pas de vente, mais de participation aux frais, cela restera donc alors autorisé ». Cela rejoindrait alors d’une certaine manière les mesures misent en place en Californie.

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