David Robo et la municipalité face aux problématiques vannetaises

Maire de la ville de Vannes depuis 2011, David Robo répond à nos interrogations sur les problématiques de la cité des Vénètes : trafic de stupéfiants, immobilier, AirBnB… Réélu maire de Vannes en 2020, il revient également sur ses propositions de campagne.

Dans vos promesses de campagne pour les élections municipales 2020, vous évoquiez une « police de l’environnement », quel sera son rôle ? Quand allez-vous la mettre en place ?

Effectivement, en mars 2020, j’avais proposé aux Vannetais et aux Vannetaises de créer une police de l’environnement mais nous avons pris du retard car depuis deux ans nous vivons avec le Covid et avons rencontré des difficultés quant à la réalisation de certains projets. Pour revenir sur cette police de l’environnement qui existe déjà dans d’autres villes, il s’agit de réguler certaines nuisance puisque l’on s’aperçoit qu’autour des chantiers de construction, la saleté s’installe, la circulation n’est pas respectée, le bruit est important, des arbres sont détruits, on va beaucoup trop vite dans certains secteurs… La police de l’environnement doit être celle du bien vivre ensemble et du respect des règles. La mairie de La Baule a mis en place ce service depuis plusieurs années, et mes équipes doivent s’y rendre je crois au mois de février, afin de réfléchir auprès d’eux. Lorsque cela se passe bien ailleurs, il ne faut pas hésiter à nous en inspirer !

Vous avez déjà une date de mise en place ?

Non je n’ai pas de date pour le moment.

 

« Les usagers sont prêts à payer un peu plus ou autant s’il y
a un meilleur service »

 

Vous avez fait l’expérimentation de la gratuité des transports en commun (le samedi pendant dix semaines entre le 15 mai et le 17 juillet 2021), plusieurs villes en France la proposent (Niort, Calais, Vitré…). Pouvez-vous nous en dire davantage ?

Cela a été un succès puisqu’on est à près de 30 % de fréquentation en plus pendant cette période. + 30 % c’est du quantitatif mais on a aussi réalisé des enquêtes qualitatives assez poussées auprès des actifs, des retraités, des étudiants, des lycéens… On s’aperçoit finalement que ce qui prime ce n’est pas la question de la gratuité ! En effet, les usagers veulent un meilleur service et certains sont prêts à payer un peu plus ou payer autant s’il y a un meilleur service.

C’est plutôt la qualité qui prime ?

Oui, j’ai été très surpris de cette réponse. Nous n’avons pas encore pris de décision en collaboration avec l’Agglomération quant à l’option que nous allons prendre mais ce qui est acté, c’est que l’agglomération est sclérosée par la circulation automobile, ça bouchonne tout le temps. Donc la priorité des élus qui  commence à émerger, c’est de faire des voies en site propre pour les bus pour qu’ils ne soient pas dans les bouchons afin que les gens prennent un peu plus le bus et moins leur voiture.

 

« Je n’ai pas de pouvoir par rapport au trafic de produits
stupéfiants »

 

Un sujet qui revient souvent à Vannes, c’est le trafic de stupéfiants. Comment pouvez-vous y faire face et avez-vous un pouvoir en tant que maire sur cette problématique ?

Premièrement, je n’ai pas de pouvoir par rapport au trafic de produits stupéfiants. Deuxièmement, la situation s’est beaucoup améliorée depuis maintenant un an. Avant, il y avait trois gros points de deal à Vannes qui étaient : Kercado autour des immeubles, Ménimur et le Square de la Bourdonnaye au-dessus de la gare. Aujourd’hui il n’y a plus qu’un point de deal dans les Vallons de Kercado, derrière le restaurant universitaire et ce grâce à la police nationale qui a mené un travail extraordinaire. Tous les jours quand vous lisez la presse, vous entendez parler des arrestations. La police municipale accompagne également très souvent la police nationale, c’est aussi pour cela qu’ils sont armés depuis maintenant quatre ans. Il y a eu un véritable travail de sape. D’ailleurs on s’aperçoit aujourd’hui que ceux qui sont arrêtés ne sont pas d’ici, ce sont des gens qui viennent d’ailleurs parce que cette « main-d’œuvre locale », elle est derrière les barreaux. Soit à Nazareth (prison de Vannes) soit à Ploemeur. Néanmoins, cela reste une question mais ce qui a changé, c’est qu’avant cette politique et ces arrestations, les gens avaient peur, c’était au pied de leur immeuble, dans le hall de leur immeuble. Ce n’est plus le cas aujourd’hui et je m’en réjouis.

L’aventure Dédale a pris fin le 31 décembre 2021, un nouveau projet de 2 ans va le remplacer. Est-ce que vous pouvez déjà nous en dire plus sur le projet qui va le remplacer ?

Non car les dépôts de candidature étaient prévus le lundi 3 janvier, donc cela n’a pas encore été dépouillé. Malheureusement je ne peux pas vous en dire plus.

Une autre problématique de Vannes, c’est une sorte d’embourgeoisement de la ville notamment au niveau de l’immobilier, les logements étant devenus très chers. Quelques chiffres de la Chambre des Notaires de Vannes : tout quartier confondu, le prix médian d’une maison ancienne est en hausse de 10,10 % sur 12 mois à 363 200 €, 608 000 € dans le centre-ville. Pour un appartement neuf, on est à 4270 € du m² soit une augmentation de 18,10 %. N’est-ce pas compliqué de s’installer à Vannes aujourd’hui pour un jeune couple ? Quelles sont les solutions ?

C’est une réalité mais pour autant je ne reste pas inactif. Un exemple : l’école Brizeux. Le terrain appartenait à la ville et je l’ai vendu à un promoteur, le groupe Giboire, 800 000 euros pour un prix de marché de 1,3 million, en obligeant Giboire à vendre ces maisons à des primo-accédants, couples avec enfant(s), éligibles au prêt à taux zéro. Trente-trois maisons vont être livrées ou sont en cours de livraison. J’ai fait la même chose pour deux autres quartiers à Vannes. Parallèlement, dans le cadre de l’Agglomération je suis également en train de créer ce que l’on appelle un Organisme Foncier Solidaire – l’Agglomération va porter le coût de l’acquisition du terrain pour une maison ou pour un appartement, le propriétaire devra uniquement payer le coût de la maison et non du terrain, avec le même système pour l’achat d’un appartement. Lorsque l’on sait que le coût d’un terrain compte pour 20 à 30 % du projet, cela va être intéressant pour des primo-accédants ou  pour des familles avec enfants.

 

« Sur les AirBnB on a une vraie méfiance »

 

Toujours concernant l’immobilier, il y a un nombre croissant d’AirBnB dans le centre-ville de Vannes. Vous n’avez pas peur d’un dépeuplement de ce centre-ville ?

Si, il s’agit d’une vraie crainte. Comme 222 autres villes françaises, nous avons été retenus, en 2017, dans le programme du gouvernement « Action Cœur de Ville ». D’un point de vue commercial, notre centre-ville va très bien, il y a très peu de locaux vacants, en revanche, on a de nombreux logements vides qui sont, soit insalubres soit très datés, et nous avons pour projet, d’ici quatre ans, de remettre 200 à 300 de ces logements sur le marché afin de faire revenir la population. Pour autant, comme le fait Saint-Malo, il va falloir être plus offensif concernant les AirBnB puisqu’effectivement cela fait vivre un peu les commerces mais pas les écoles, etc. Donc nous avons une très grande vigilance, une vraie méfiance. Il faut trouver des moyens juridiques mais aujourd’hui les moyens à la disposition des maires ne sont pas très évidents.

Il y a un projet de nouveau centre pénitentiaire à Vannes, pouvez-vous nous en dire plus ?

Cela répondait à un appel à projet du gouvernement en 2016. Nous avons été retenus, puis non-retenus et puis de nouveau retenus. Aujourd’hui l’enquête publique est terminée et l’objectif est de créer un centre pénitencier de 550 places, en périphérie de Vannes sur la zone du Chapeau-Rouge. Le budget de la construction de cette prison est de 100 millions d’euros. Elle sera faite par des entreprises locales pour la plupart. Cela va concerner 300 emplois directs et 150 emplois indirects donc ce n’est pas anodin. Tout le monde veut que l’on mette les condamnés en prison mais il faut bien des établissements.

Et donc que va devenir l’ancienne prison ?

Au départ, le gouvernement n’avait pas pris sa décision mais a priori elle sera fermée, ce dont je me réjouis. C’est une prison d’un autre temps qui est datée et qui n’est pas du tout adaptée à de bonnes conditions d’incarcération. Et puis cela nous permettra d’avoir un projet urbain.

La Ville est propriétaire du stade de la Rabine, va-t-il être agrandi ?

On va agrandir la tribune École de Musique cet été pour la passer de 1 100 places à 3 100 places. Actuellement l’appel d’offres est justement ouvert.

 

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