L’affaire du siècle, avons-nous vraiment gagné ?

Le gouvernement a jusqu’au 31 décembre 2022 pour « réparer le préjudice écologique » causé par le non-respect des engagements de la France en matière de réduction des émissions de gaz à effet de serre. L’ultimatum vient d’être fixé par le tribunal administratif le jeudi 14 octobre dans le cadre de « L’affaire du siècle ». Pour cause, la France aurait dépassé sur la période 2015-2018 son budget carbone de près de 62 millions de tonnes « d’équivalent dioxyde de carbone » ! Le montant du préjudice a été ramené à 15 millions de tonnes par les magistrats en raison de la crise sanitaire et la baisse d’émission de CO2 qu’elle a entrainée. Les juges n’ont cependant pas accepté la demande des plaignants[1] d’une astreinte financière de 78 millions d’euros dans le cas où l’Etat n’arriverait pas à respecter ses obligations à temps. Le tribunal ne veut pas non plus s’aventurer sur le terrain politique laissant libre choix au gouvernement sur le type de mesures climatiques à entreprendre.

Mais finalement quels sont les engagements de la France ?

Réduire de 40 % les émissions de CO2 d’ici 2030[2], puis atteindre la barre des 75% en 2050 ; porter à 32 % la part des énergies renouvelables dans la consommation énergétique finale en 2030 ; réduire de 50% la consommation énergétique à horizon 2050… Tant de chiffres, tant de dates, tant de promesses bien lointaines, mais dans cette pléthore d’objectifs où en sommes-nous ? En 2020, notre sixième puissance mondiale a émis 121 tonnes de CO2 par unité de PIB. Des résultats qui restent encore trop importants. Pourtant, n’est-il pas un peu sévère d’accabler le gouvernement français lorsqu’on le compare aux autres nations ? En effet, le pays émet tout juste 1 % des émissions mondiales de gaz polluants alors que la Chine, le plus gros pollueur mondial, représente à elle seule 27,5 %, les États-Unis, quant à eux en émettent 17 %. Par ailleurs, dans la répartition de ses énergies, la France se compose de 40 % de nucléaire, 28 % de pétrole, 16 % de gaz naturel, 14 % d’énergies renouvelables et déchets et uniquement 2 % de charbon (source d’énergie la plus polluante). A l’inverse, deux tiers de l’électricité produite en Chine vient du charbon. Plus inquiétant encore, la NDRC[3] a annoncé début octobre que cent cinquante-trois mines de charbon avaient été autorisées à augmenter leur rythme de production de 220 millions de tonnes par an, soit une hausse de six pourcent ! Une décision ahurissante qui n’étonne plus grand monde lorsque l’on sait que le président chinois Xi Jinping ne participera pas à la COP 26 qui a débuté ce 31 octobre dernier.

Les États-Unis n’apportent pas non plus de bonnes nouvelles environnementales… Le président Joe Biden, qui s’était pourtant engagé à réparer les dommages de l’administration de Trump a récemment annoncé que les dépenses consacrées aux mesures sociales et environnementales diminueront prochainement. En Europe, nous pouvons également citer la transition écologique ratée par la chancelière Allemande, Angela Merkel. Souvent louée pour son intérêt à la question environnementale, elle écopera même du surnom de « Klima-Kanzlerin » (la chancelière du climat) alors qu’elle détient un moins bon score[4] que la France quant à ses émissions de gaz à effet de serre. Malgré toutes ces données, la France reste un pays riche qui parle beaucoup et qui continue de polluer de manière excessive. L’urgence est là ! Elle doit prendre exemple sur des nations du nord comme la Finlande ou l’Islande qui respectent aux mieux leurs convictions écologiques. Le gouvernement français se doit de faire mieux quitte à bousculer les habitudes de la société afin d’aspirer à un monde meilleur.

 

[1] Quatre ONG (Organisation Non Gouvernementale) : Greenpeace, Oxfam, La Fondation Nicolas Hulot (FNH) et enfin Notre affaire à tous.
[2] Par rapport à 1990.
[3] Commission nationale du Développement et des Réformes.
[4] Depuis qu’elle occupe ses fonctions, Merkel a réussi a baissé de 19 % ses émissions de gaz à effet de serre alors que la France en a réduit de 25%, l’Italie (31%), l’Espagne (34%) ou bien encore le Royaume-Uni (40%).

 

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