Critique Priscilla : la fan d’Elvis devenue Madame Presley

Priscilla, c’est le nouveau film de Sofia Coppola. Il raconte l’histoire d’une fan qui est devenue la conjointe du showman. Le long métrage revient sur la relation entre Priscilla et Elvis, le film proposant une narration chronologique qui démarre à la fin des années 50 en Allemagne lorsqu’elle rencontre Elvis dans une fête organisée pendant son service militaire. L’idylle commence malgré la différence d’âge. S’en suivront un mariage, un enfant et un divorce.

Le film est son histoire à elle, sa vie idéalisée par celles qui sont derrière le portail, mais qui renvoie à une autre réalité, celle de l’intérieur de la villa. Celle de la solitude intense. Véritablement emprisonnée par son amour pour le chanteur, elle est seule dans la maison de Graceland. Une sorte de grande prison, des personnes à son service, sans l’homme qu’elle aime.

Sofia Coppola propose un métrage à l’opposé de l’Elvis de Baz Lurhmann sorti en 2022. Ici le film est clinique, revient sur la solitude de Priscilla mais parvient au final à composer le portrait d’une héroïne particulièrement forte. Cailee Spaney donne une performance magistrale qui fut (malheureusement) oubliée par l’académie des oscars, mais est pourtant, la plus impressionnante de toutes, il me semble. Passant de la jeune adolescente avec les étoiles pleins les yeux à la mère de famille, elle est finalement la seule personne pleine d’humanité dans le récit. Car oui, l’humanité n’est pas évidente dans cette immense maison, entre drogues et alcools, Elvis et ses amis sont des enfants inconscients des difficultés du monde. Une scène le démontre quand la jeune femme cherche à réviser ses futurs examens et que la soirée bat son plein. La caméra de Coppola se fixe sur ses yeux et sur son visage amoureux mais pour autant désespéré. Plan fixe et plan rapproché, les mouvements de caméra ne sont pas nombreux paraphrasant la vie de cette femme, seule et sans liberté.

Ce film est peut-être un des meilleurs sur la cause féministe car il évoque l’oppression silencieuse, et dépeint les sentiments contradictoires de Priscilla. Si Le film est si intéressant, c’est aussi qu’il touche au personnage d’Elvis, rock star parmi les plus connues du monde, légende de la musique américaine qui enchaînait les conquêtes alors que son épouse était à la maison et s’occupait de sa fille. Elle est devenue l’ombre et le centre de la vie de cet homme pour son malheur à elle. Un long métrage important qui pose une question essentielle : peut-on vraiment séparer l’homme de l’artiste ? Une question difficile même pour son cercle, le plus fermé.

Note : 8.5/10

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