Affaire Depardieu : La Présomption de Culpabilité ?

Tout homme est présumé innocent jusqu’à ce qu’il ait été déclaré coupable.

La présomption d’innocence, soit l’article 9-1 du code civil, est primordiale pour notre démocratie. A l’occasion de l’affaire Depardieu, l’article s’est frotté, une nouvelle fois, à ses limites médiatiques et le sujet, commenté ad nauséam nous a confrontés à l’effet boule de neige des médias mais surtout des réseaux sociaux et à ses conséquences. En effet, cette nouvelle donne de la liberté d’expression et l’influence qu’elle pourrait avoir sur le bon fonctionnement de  la justice n’ont pas encore été analysée. Parce que ne l’oublions pas au-delà de la polémique liée au documentaire signé France télévision, « la chute de l’ogre », dans lequel, il tenait des propos affligeants mais non condamnables pénalement, Depardieu est accusé de viols par plusieurs femmes. Et au cœur de ce raffut médiatique, on l’a parfois oublié.

Volontiers lourdingue, souvent vulgaire, n’est-ce pas la signature de Gérard Depardieu ? Un acteur immense faisant partie des plus grands de notre pays, mais au comportement grossier, quand ce n’est pas totalement alcoolisé. Sa personnalité ? Il ne l’a jamais cachée.

Le 11 décembre 2023, un documentaire signé France Télévision, « la chute de l’ogre » a divulgué les agissements de l’acteur à l’extérieur de la scène médiatique. Les gestes choquent, les paroles choquent et le lynchage commence de manière particulièrement violente. Mais une question se pose, est-il vraiment coupable ? Ne faudrait-il pas attendre le jugement, écouter la parole de ces femmes, analyser les faits, vérifier les preuves ? La justice doit faire son travail. On ne peut que patienter, le jugement ne pouvant se faire sur la place publique.

En Amérique, une autre affaire a été largement médiatisée. Celle sur Roman Polanski, un réalisateur franco-polonais, oscarisé pour Le Pianiste. Lui aussi fut accusé pour des violences faites aux femmes, il a été jugé coupable de viol sur mineur, de fourniture d’une substance prohibée à une mineure et de perversion. Depuis 51 ans, il est coupable pour la justice américaine. Il a été emprisonné pendant 90 jours, libéré après 42 jours pour bonne conduite et la justice a fait son travail.

Dans les mêmes Amériques, l’affaire Kevin Spacey, accusé de violences sexuelles, a également été largement médiatisée mais a été classée sans suite. Pourtant il a été évincé de la série phare de Netflix House of cards et du prochain film de Ridley Scott. Alors qu’il niait toute accusation, il a été boycotté, banni. La place médiatique a pris le dessus ! En 2022, il a finalement été innocenté par la justice américaine mais cette accusation a détruit sa carrière. Sa vie. Deux cas différents avec les mêmes conséquences mais pas avec le même jugement. En France, on ne doit pas faire les mêmes erreurs. Il faut patienter encore un peu.

Au soir du 20 Décembre, le président Macron, a pris la défense de Gérard Depardieu. Mais ne mélangeons pas tout, il ne défend pas les possibles gestes de l’acteur. Il défend la justice,  un enjeu plus grand que la carrière ou que l’image de Depardieu. Il s’agit d’un enjeu démocratique, toute démocratie devant attendre le jugement pour prendre les décisions qui s’imposent. Si les accusations se confirment alors le Président devra commencer les démarches pour le retrait de la légion d’honneur, mais il reste un « Si ».

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