Napoléon, le « Waterloo » de Ridley Scott

Napoléon était le film événement de cette fin d’année. Un long-métrage qui promettait monts et merveilles. Pour beaucoup, l’œuvre attisait une grande curiosité, surtout connaissant le talent de Ridley Scott. Le résultat reste cependant très mitigé..

Alors non, « Napoléon » n’est pas un mauvais film… La mise en scène est bluffante, les décors somptueux, et la reconstitution du début du XIXe siècle et de l’enfer du champ de bataille efficace. Entre travellings, plans aériens et montages exécutés à la perfection, certaines séquences prouvent que Ridley Scott est toujours l’un des tout meilleurs. Tout une maestria exécutée avec de nombreux figurants et très peu d’effets numériques, avec également une intelligence de la mise en scène et un savant sens du tempo, laquelle permet au Britannique de livrer des moments forts, notamment lors des scènes de guerre.

Seulement voilà, comment retranscrire toute la vie de l’empereur en seulement 2h38 ? La mission semblant si ardue, que les doutes s’étaient fait entendre avant la sortie du film quant à la capacité du réalisateur à narrer les grandes lignes napoléoniennes. Force est de constater qu’il n’y est pas parvenu. Le spectateur suit le parcours de Bonaparte, de sa mise en lumière pendant la révolution jusqu’à sa défaite à Waterloo, mais en passant d’un événement à un autre, sans réel lien de causalité, sans comprendre quels étaient les enjeux et le contexte de l’époque. Finalement, le film s’apparente à une longue page Wikipédia mal organisée, empêchant le spectateur d’être embarqué dans le récit. Le réalisateur s’embourbe dans une fresque trop ambitieuse au détriment de la réalité.

Le fil rouge tourne autour de l’histoire d’amour entre Bonaparte et Joséphine, un angle assumé par Scott qui s’y attarde beaucoup, voire un peu trop, pendant ces deux heures trente. Tout cela au détriment de l’Histoire…
À travers son trailer, Napoléon promettait un souffle épique et des scènes à vous procurer des frissons. La réalité en est bien différente. La musique reste peu marquante et les dialogues sonnent parfois creux. On est bien loin de la profondeur d’écriture, de l’aspect homérique du mémorable « Gladiator » de ce même Ridley Scott.

Quant au casting, il promettait un quatre étoiles. Joaquin Phoenix qui est l’un des meilleurs acteurs au monde semblait parfait pour incarner l’empereur. Pourtant sa prestation est insipide, fade… Elle laisse totalement indifférent. Avant la sortie en salle du film, nombreux étaient ceux qui le voyaient comme le favori à l’Oscar du meilleur acteur or, sa performance restera bien en-dessous de celle de Di Caprio dans « Killers of the Flower Moon » ou encore de Cillian Murphy dans « Oppenheimer ».
Napoléon est donc une immense déception. Ridley Scott vient sûrement de signer là l’un de ses plus mauvais films. On y montre l’empereur sous un jour moins glorieux dans un biopic tristement fouillis et anecdotique. Une version longue de près de quatre heures sera disponible, d’ici quelques mois, sur Apple TV. En espérant que celle-ci nous fasse oublier celle vue en salle.

2.5/5

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