Deux États sinon quoi ?

Lundi 9 octobre, la tour Eiffel s’illuminait des couleurs d’Israël, lors d’une manifestation en soutien aux victimes de la terreur et de la barbarie qui ont frappé l’État Hébreu le 7 octobre 2023. Un jour qui fera date. Celui d’une attaque sans précédent perpétrée par le groupe terroriste du Hamas, qui contrôle la Bande de Gaza depuis 2007. Un 11 septembre israélien, dans cette région du monde qui n’a que très peu connu la paix depuis près de quatre-vingts ans, et cette tragédie ne fera sans doute qu’aggraver les divisions. Des divisions, que Benyamin Netanyahou, n’a fait que creuser depuis son accès au pouvoir en 1996, mettant à mal l’espoir de deux États envisagé notamment par les accords d’Oslo. Depuis, aucune autre solution n’a été trouvée, et l’attaque du Hamas ne risque pas d’apaiser les tensions. Au contraire, les conséquences de cette opération pourraient se faire ressentir bien au-delà du Moyen-Orient et il y a fort à parier que cette attaque signe une ligne de force pour les autocraties.

En effet, ce conflit est devenu bien plus que celui de deux pays qui s’affrontent, et aujourd’hui plus que jamais, il donne lieu à de nombreuses controverses. Dans l’hexagone, le rôle du pays des Droits de l’Homme est sujet à débats et la France n’est pas, et ne sera pas le justicier mondial, mais, en tant que membre du Conseil de Sécurité de l’ONU, elle doit se montrer exemplaire. De par son histoire, elle a tout connu, y compris l’invasion et la barbarie, alors c’est à elle, avec ses alliés, de faire en sorte que la région ne devienne pas un bain de sang général, et d’essayer d’apporter un début de solution politique. Dominique de Villepin l’a rappelé au micro de la matinale de France Inter, exhortant à tous un devoir d’humanité et de responsabilité. L’ancien Premier ministre ajoute qu’il faut toujours se souvenir que « le droit à la légitime défense n’est pas un droit à une vengeance indiscriminée », et « qu’il n’y a pas de responsabilité collective, pour un peuple, pour les crimes commis par quelques-uns ». Manière de dire que la réaction d’Israël n’est pas digne d’une démocratie. Comme exemple, l’ancien ministre des Affaires étrangères ne manque pas d’évoquer la guerre en Irak menée par les Américains. « Les Américains ont cru qu’ils pourraient apporter la démocratie par la violence et la force à ces pays (du Moyen-Orient). Quel a été le résultat ? Ils ont enflammé. Et une grande partie de l’héritage que nous vivons aujourd’hui vient de là. »

Du côté des alliés historiques d’Israël, le président américain Joe Biden, en visite à Tel-Aviv cette semaine, n’a pas hésité à apporter son soutien à l’État Hébreu. Sans appeler à un cessez-le-feu, il a néanmoins insisté sur l’urgence humanitaire nécessaire aux Gazaouis. Ainsi, vingt camions d’aide vont transiter de l’Égypte, avec à leur bord eau, médicaments et nourritures, et ce contre l’avis initial du premier ministre israélien. D’un autre côté, le président américain a annoncé demander au Congrès un soutien sans précédent pour la défense de l’État Hébreu, tout en mettant en garde le cabinet israélien de « ne pas être consumés par la rage que vous (les israéliens) éprouvez ».

Condamner les agissements du Hamas est une chose indispensable. Le groupe terroriste a commis l’indicible. Mais combattre le Hamas, est-ce enfermer, affamer, et bombarder deux millions de Palestiniens dans la prison à ciel ouvert qu’est Gaza, sans qu’ils puissent en sortir ? Risquer un génocide dans un premier temps, avant un embrasement de cette partie du monde ? Car à ne pas s’y tromper, le Hamas n’est pas seul, et est soutenu, notamment par le Hezbollah libanais. Le crime contre l’humanité commis par le Hamas ne doit pas être vengé par un même crime.

La solution ? Autant utopique soit-elle aujourd’hui, la solution à deux États semble être la seule. Une autorité palestinienne doit se dégager, indépendamment du Hamas. Une autorité capable de mener des négociations avec l’État Hébreu. Cela apporterait également des garanties sécuritaires à Israël, qui se retrouverait à côté d’un État constitué. La guerre ne peut pas se mener, si aucun remède n’est plausible ensuite.
Puisque la solution à deux États semble la seule viable, alors espérons, un jour, voir la tour Eiffel s’illuminer des drapeaux palestinien et israélien, comme pour rendre hommage à ces générations de populations, de quelque religion qu’elles soient, pour le sang innocent versé sur les terres d’un conflit éternel.

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