Le théâtre dans la Peau

Enseignant, auteur, réalisateur et depuis plus d’un an, acteur du grand écran, Gaëtan Peau a endossé plusieurs casquettes au cours de sa carrière professionnelle. Mais s’il ne devait utiliser qu’un terme pour se décrire, il se dirait passionné. 

Au départ, l’enfance passée à Beaupréau dans Le Maine-et-Loire est heureuse, douce et calme. Trop calme ? Peut-être. Rapidement, Gaëtan Peau a besoin de plus “le théâtre m’a sauvé de l’ennui » et pour le jeune homme, c’est une révélation, « je ne me voyais pas faire autre chose de ma vie”.  C’est ainsi qu’en 1998, il file à Nantes pour des études de philosophie, mais surtout pour intégrer sa première compagnie professionnelle de théâtre. “J’ai commencé par jouer des petites pièces avec plus ou moins de succès, mais c’était très enrichissant.” Et si l’on en croit ses souvenirs, pas seulement d’un point de vue culturel… “Le théâtre, c’était l’endroit où étaient les filles, l’endroit idéal pour se rapprocher d’elles. On a commencé à me reconnaître dans la cour du lycée grâce à mes rôles, cela m’a touché, j’ai adoré, c’était quelque chose de nouveau, de très exaltant !”. Une reconnaissance qui ne l’a d’ailleurs plus jamais quitté. C’est également à cette époque que Gaëtan découvre qu’il assure sur les planches. Mieux, il est bon. Puis dans la foulée, il intègre la compagnie du Pont Neuf, rencontre le metteur en scène et comédien Olivier Caillabet et prépare le conservatoire. “Très tôt, il m’a dit que si je voulais y entrer, je devais me taire et écouter.” 

Un acteur terrien

Se taire, écouter et incarner. « Un rôle est étroitement lié au corps, à ce qu’on va dégager en tant qu’acteur ; la parole, la chair, la littérature et la psychologie se conjuguent sur les planches. Cela me donne un plaisir intense”. Un plaisir qui permet de jouer n’importe quel rôle, d’explorer tous les horizons possibles et imaginables du personnage “mais avoir une large palette de jeu n’est pas suffisant, il faut aussi savoir trouver sa voie. Trouver ce qui nous colle à la peau ». La peau d’un corps qui s’exprime, le sien est imposant, massif, puissant, “j’ai toujours eu un jeu ancré, enraciné, mais le plus important pour le personnage de théâtre, c’est d’être captivant. Que vous jouiez un assassin, un personnage narcissique ou un voleur, vous devez tenir en haleine le spectateur.

Théâtre et cinéma : le casting en question.

Le choix des acteurs est primordial. Il définit rapidement le rendu d’un film. “Ce qui me dérange le plus, c’est la manière dont ont caste les gens aujourd’hui, la manière dont on vient te chercher pour un rôle. Les délais sont longs, on te rappelle tard et tu te retrouves avec deux pages entières à apprendre pour le lendemain. Et encore, si ce n’était que cela… On ne te fournit aucun costume en lien avec le personnage pour lequel tu candidates et on te demande d’être convaincant, tout cela manque cruellement de sens, de rigueur et de professionnalisme”. Le casting. Fléau du cinéma français depuis quelques années selon lui. “Les Américains et les anglo-saxons respectent beaucoup plus l’interprète. L’industrie française, elle, a abandonné une très grosse partie du cinéma d’auteur. Je suis très surpris de la légèreté avec laquelle on choisit les comédiens.” Du côté de l’acteur, le plus dur, c’est d’accepter de ne pas pouvoir tout maîtriser, d’être suspendu au désir des gens. Au fil du temps, Gaëtan a appris à s’assumer en tant qu’homme et comédien. Il n’a jamais renoncé. Jamais. Même quand il se demandait comment il allait manger le soir. “On fait ce métier en connaissance de cause… on est préparés”. La vie d’acteur n’est pas simple. Elle est semée d’embuches, de déconvenues, de contretemps… Gaëtan les a tous affrontés un par un, sans jamais rien lâcher. Aujourd’hui, il aperçoit enfin la lumière au bout du tunnel. Il mène désormais la vie dont il a toujours rêvé : son nom en haut de l’affiche.

Jules EMEREAU

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