Les aventures d’Erwann Guenneugues vers le pays du soleil levant

Le 15 février dernier, Erwann Guenneugues a pris la direction du Japon à vélo ! A 23 ans, cet ancien cycliste de haut niveau est parti vivre une aventure hors du commun. : plus de 30 000 kilomètres pour respirer l’air du monde, vivre la grande liberté sur son vélo, son premier amour.

C’est un périple incroyable, est-ce l’aventure que vous allez chercher ?

Oui, il me semble que nos vies sont trop aseptisées, il nous manque une vraie connexion avec la nature, avec nos fondamentaux. Nous nous sommes éloignés de l’essence même de la grande question : pourquoi vivons nous ? Pendant ce voyage je vais devoir répondre à ces fondamentaux, trouver de quoi manger, un lieu pour dormir. La plupart des gens ne connaitront jamais cela dans leur vie alors que pour moi le principe même de la liberté est de pouvoir se dire « j’ai envie d’aller là ? Qu’est-ce qui m’en empêche ? Et bien rien du tout.»

Partir à vélo jusqu’au Japon, d’où vient cette idée un peu folle ?

Cette idée m’est venue lors du premier confinement. C’était pourtant agréable : la belle météo, le jardin, ma famille, je n’étais pas à plaindre. Mais finalement le fait de rester enfermé m’a poussé vers l’extrême opposé, avec l’envie de partir très loin. L’objectif de mon voyage, c’est de le faire a un rythme humain, le Japon j’y suis en 12 heures en avion, et pour moi cela ne correspond pas à l’esprit d’un voyage, j’ai donc eu l’idée du vélo. Au début je devais aller jusqu’au Vietnam car mon frère l’avait remonté à scooter et me l’avait conseillé, mais j’ai finalement j’ai choisi de pousser jusqu’au Japon ! J’y suis d’ailleurs déjà allé mais je n’ai pas tout vu et j’avais envie de vivre au moins une fois dans ma vie quelque chose d’hors-du-commun. J’ai donc décidé de partir au Japon à vélo.

Pourquoi partir à vélo de type Gravel conçu pour les chemins mais qui reste un vélo de course ?

Je reste un compétiteur dans l’âme, je veux avoir une sensation de vitesse, et non me traîner pendant plus d’un an. C’est pour cela que j’ai choisi le vélo Gravel plutôt que celui de randonneur qui pèse 50 kg et sur lequel on transporte sa maison ! Ce n’est pas ce qui me fait rêver. En fin de compte je ne voulais pas juste me déplacer mais aussi prendre du plaisir.

Ce sera un voyage en solitaire ?

Oui mais il y a eu plusieurs étapes ! Au départ je voulais y aller seul, car dans ce cas la motivation ne dépend de personne. Je pense aussi que quand on est seul, on rencontre plus de monde, à plusieurs on s’installe dans un petit cocon avec notre langue natale et nos habitudes, les gens ont moins envie de venir vers nous. La meilleure chose pour faire des rencontres et sortir de sa zone de confort, c’est d’être seul. Mais lorsque j’ai partagé mon projet sur les réseaux sociaux, Enzo Anti que j’ai connu sur des courses de vélo a voulu se rattacher au projet. J’étais d’accord pour l’embarquer mais j’ai imposé une seule condition : aucune affaire en commun, si on doit se séparer à un moment ou un autre, on le fait. Finalement il n’a pas pu venir et je reviens à ma première configuration : le solo !

Comment s’organise le départ et le début du voyage ?

Je vais partir assez tôt d’Europe et longer la mer Adriatique jusqu’en Grèce et en Turquie, vers des températures plus douces. On part mi-février car il faut traverser le Népal pendant l’été : c’est indispensable au regard de la météo hivernale de ces pays. En effet, certains passages sont à plus de 4000m d’altitude et passer par là en plein hiver serait un suicide climatique !

Vous ressentez de l’excitation avant ce périple ?

Oui, évidemment… Je ne sais pas à quoi m’attendre mais cela fait partie du voyage. Si j’avais voulu rester dans ma zone de confort je serais parti en Juin, j’aurais fait un petit tour d’Europe, je serais allé jusqu’en Pologne puis retour… Oui, aller vers des pays que 90% des Français ne verront jamais, aller côtoyer des gens de différentes cultures et de différents horizons, c’est très excitant.

Pendant un peu plus d’un an vous allez quitter votre vie, votre routine, votre copine et vos amis… Vous n’avez pas peur de perdre tout cela ?

Mon projet a vu le jour parce que je suis plutôt un solitaire. J’ai une petite amie, mais je ne mets pas du tout entre parenthèse mon voyage à cause d’elle. C’est vrai qu’aujourd’hui on pense à nos études, à trouver un boulot, au salaire que l’on aura… On ne pense qu’à l’avenir or rien ne me faisait vraiment vibrer, j’ai donc fait le choix de travailler dans un magasin de cycles à Pluneret pendant un an, d’économiser et de partir  une année au cours de laquelle je vais essayer de ne penser qu’au présent.

Garderez vous contact avec les réseaux sociaux et la sphère Internet ?

Oui car je ne fais pas ce genre de voyage « baba cool » en me déconnectant de tout pour revenir à l’essence même de l’humain, ce n’est pas du tout le but… L’objectif de ce voyage est de vivre cette expérience, de voir du monde tout en le documentant. J’aurai mon téléphone, la wifi est partout et les cartes prépayées pour avoir de la 4g … J’aurai également une GoPro, un drone, un appareil photo et un iPad pour faire du montage et je publierai des vidéos sur ma chaîne YouTube Ndlr. Je les ferai pour moi avant tout, pour le souvenir, mais cela permettra également de me suivre.

La situation politique actuelle de certains pays est critique, avez-vous peur pour votre sécurité ?

Non pas vraiment. L’Ukraine et la Russie ne sont pas sur la route et ne l’ont jamais été, et là-bas les routes ne sont pas intéressantes. Donc on avait prévu de passer par la Turquie, l’Iran, et puis tous les pays en -stan, Turkménistan, Tadjikistan, Kirghizistan, mais je vais devoir y renoncer. L’Iran fait face à une guerre civile avec des révoltes populaires autour des droits de la femme… Il n’y a pas meilleur environnement pour se faire prendre par la police Iranienne et passer par la case prison. Je n’ai pas peur pour ma vie mais je ne suis pas prêt à prendre de si gros risques. On va donc prendre un avion en Turquie pour éviter cette partie, ce n’était pas ce que je voulais mais la sécurité prime.

Avez-vous réfléchi à l’après voyage ?

Avant de rencontrer ma copine, le retour du voyage était un grand flou, je ne voyais pas ma vie après. Mais je ne stresse pas avec ça, le voyage est devant moi. Néanmoins, j’ai des pistes… J’aime beaucoup la France et Nice tout particulièrement. Je vais essayer de trouver du boulot autour du monde du vélo dans un premier temps, par la suite on verra si la région nous convient. Je n’exclue pas la reprise d’études autour du codage informatique par exemple.

Avant d’arrêter votre carrière de cycliste de haut niveau vous avez été champion de Bretagne espoir de contre-la-montre, pourquoi arrêter après cette performance très prometteuse qui pouvait vous mener vers d’autres victoires ?

J’avais la sensation d’avoir fait le tour du vélo à ce niveau là. Pour performer il faut une motivation et une implication énormes, et ce n’était plus le cas. Cela faisait quatre ans que je participais aux mêmes courses et je sentais qui je ne serai pas heureux si je passais professionnel. J’avais tout de même à cœur de finir sur des bonnes notes, sur de belles choses et cela a été le cas, j’ai été champion de Bretagne espoir et j’ai participé à ma dernière course avec le maillot de l’équipe de France sur une course professionnelle. Je pars sans regret. J’avais le sentiment que le cyclisme de haut niveau m’avait pris ma jeunesse, sans sortir, faire des soirées etc. Je ne suis pas un introverti, mais il faut peut-être l’être quand on fait du cyclisme de haut niveau. Je souhaite donc me rapprocher de la vie réelle.

ndlr Instagram : RoadToJapan_2023 YouTube : GravelTheWorld

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