Youn Métayer, un sourire et des flammes

Youn Métayer est un jeune sapeur-pompier morbihannais de vingt-et-un ans. Après des saisons à Vannes et en Corse, il obtient son concours en 2021. Pour les Echos Vannetais, il revient sur son expérience pendant les feux virulents de cet été en Bretagne, notamment du côté de la forêt de Brocéliande.

On a beaucoup entendu parler des feux en Bretagne cet été, notamment celui de Brocéliande, quel a été votre rôle durant les interventions ? Avez-vous eu des responsabilités particulières ?

Cet été s’est déroulé en dents de scie. Pendant les feux de Brocéliande, nous avons déploré plusieurs départs de feu par journée et j’ai eu la chance d’avoir pu être présent les premiers jours. Le rythme était très intense, la quasi-totalité des véhicules-incendies du département étaient mobilisés, des moyens de feux de forêts, logistiques et sanitaires ont largement été déployés. Il faut savoir que sur les feux de forêts, il faut du monde immédiatement sur place, ensuite, cela s’organise en relèves continues. Sur le terrain, les missions sur place sont simples, il s’agit d’extinction et de « noyage » d’éventuelles reprises de feu. Pour ma part, je n’étais pas présent la première nuit, mais j’ai pris la relève le matin à 8h le vendredi. C’est le jour où l’intensité du feu était la plus extrême. J’étais positionné au Camion-Citerne Rural.

Je tiens également à préciser que pendant l’intervention, nous avons pu compter sur le soutien sans faille et la solidarité des civils présents sur place ainsi que sur de nombreux agriculteurs. Des colonnes de feux de forêts de toute la zone Grand-Ouest et du Haut-Rhin sont venus nous épauler. On a pu ressentir un réel soutien et une grande mobilisation face au feu.

Quel a été votre ressenti durant le feu du secteur de Brocéliande ?

D’abord, je pense que c’est à chacun de se préparer mentalement et physiquement en amont. On doit être en capacité de savoir si on est prêt pour ce genre d’efforts. Ce type d’interventions nous rappelle à quel point il est primordial de connaître ses manœuvres, son rôle en fonction de telle situation, pour appréhender l’intervention le plus sereinement possible le jour J. Personnellement, j’ai effectué de nombreuses manœuvres durant l’été pour être prêt et je me considère comme chanceux d’avoir été mobilisé durant les périodes de grandes intensités. J’ai pu participer à certaines manœuvres spécifiques et être confronté directement aux flammes. Mais cela ne se passe jamais comme on l’imagine, une fois sur place, il y a de nombreux eléments que l’on ne maîtrise pas comme le vent ou la végétation. On doit rester très vigilants et solidaires jusqu’au bout car la situation peut vite devenir délicate, voire ingérable. Être confronté à une telle intensité est quelque chose d’assez nouveau pour nous, mais cela s’est avéré très formateur. J’avoue ne m’être jamais senti en réel danger, j’ai toujours été bien encadré.

Avez-vous un rapport particulier au risque et au danger ?

Je pense que pour la plupart d’entre nous, le fait d’être en tenue avec tout le monde nous fait nous sentir presque invincible … Plus sérieusement, on se sent moins vulnérable, mais on garde toujours la notion du danger dans un coin de notre tête. Ce qui compte, c’est de rester à l’écoute de ses supérieurs hiérarchiques et de suivre les instructions pour ne pas se laisser emporter par l’adrénaline du moment.

Vous étiez également infirmier pendant cet été, cela a-t-il été compliqué de concilier les deux ?

Cet été fut assez exceptionnel pour le département du Morbihan. On a eu une activité de feu de forêts très intense et rare par rapport aux années précédentes. Pour ma part, j’ai pu m’investir dans le domaine opérationnel malgré mon poste d’infirmier en parallèle. J’ai dû m’adapter à mon emploi du temps; aux urgences et ai donc eu moins de disponibilités par rapport à mes années étudiantes, cela a été une réelle frustration. J’ai pu me rendre disponible, mais moins que je ne le souhaitais. J’ai dû m’organiser, concilier les deux métiers et gérer mon temps de repos.

Comment envisagez-vous la suite ?

Je termine actuellement ma FIP (Formation d’Intégration et de Professionnalisation) et souhaite acquérir le plus d’expérience possible sur le terrain. J’envisage également de passer mon permis poids lourds et d’effectuer plusieurs formations. J’aurais pu choisir de passer le concours de lieutenant directement, mais j’ai préféré être caporal dans un premier temps afin de faire beaucoup d’opérationnel et d’être sur le terrain.

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