Hôpitaux en réanimation

24 décembre, soir de réveillon.

Toutes et tous seront présents autour de la table, sublimée par la belle dinde de Noël, partageant sourires et convivialité. Les enfants joueront entre eux en attendant impatiemment leurs cadeaux. Les adultes finiront leurs verres et s’enthousiasmeront des fameuses blagues du grand-père ivre de joie. Au bout de cette table, se trouvera Valérie, l’infirmière de la famille qui, pour une fois, ne sera pas de garde… Pourtant, elle ne touchera pas à la gourmande volaille et regardera avec tristesse deux pommes de terre mourant sur le fagot de haricots. Mourant comme le métier qu’elle rêvait de faire depuis sa tendre enfance, ce métier qui suscite regards admiratifs, regards de bienveillance et regards chimères quand le regard de Valérie, et celui de tous ses confrères, est vide. Vide comme les couloirs de nombreux hôpitaux en France, hôpitaux en souffrance. Ces hôpitaux des campagnes qui meurent à petit feu pendant que ceux des métropoles se surchargent, implosent notamment dans les services d’urgences. Une aberration de plus dès lors que l’on parle des hôpitaux ! La rationalisation des budgets a ainsi rendu intenable le quotidien du personnel soignant, l’État imposant une réduction des dépenses, alors que le système de santé n’a jamais eu autant besoin de moyens et de soutiens.

Et la crise sanitaire n’a pas fait bouger les lignes, bien au contraire ! Avec un nombre de lits et de respirateurs insuffisants, des soignants ont dû renoncer à prendre en charge certains patients contaminés par la Covid-19. Malgré la promesse d’Emmanuel Macron d’augmenter le nombre de lits hospitaliers dès 2020, ce sont 5 700¹ cette même année et 4300², l’année suivante, qui ont été supprimés ! Et comme cadeau empoisonné, un manque de médecins ne voulant pas reprendre un service déjà bien malade, en manque de souffle. La faute aux conditions de travail qui se dégradent et deviennent donc intolérables.

Alors que faire ? La magie de Noël n’y changera rien « À l’heure actuelle, les soignants des hôpitaux ne se plaignent même plus, ils démissionnent », déclare le Dr. Agnès Ricard-Hibon du Val-d’Oise. En réponse à cette crise, les hauts couloirs du ministère répondent en annonçant une rallonge de 543 millions d’euros « pour soutenir l’hôpital et tous les personnels qui le font fonctionner ». Phrase bateau et solution pansement afin de noyer le poisson et de passer des fêtes au chaud ? Des milliers de personnels de santé attendront, au pied du sapin, une solution qui n’arrivera probablement pas le 24 au soir.

Baptiste GRANDIN

¹NDRL, Ouest-France
²NDRL, Les Echos

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