Paul Marques Duarte, un cinéaste iconoclaste

Quand une passion prend tout sur son passage, il n’y a plus de frontière, plus de barrière, plus d’interdit, on ose… Paul en sait quelque chose. Âgé de 26 ans, ce réalisateur rennais n’en finit pas de conquérir le grand écran, d’abord par des courts métrages et bientôt grâce à son premier long métrage. 

Tout commence à l’âge où l’on quitte l’enfance, à l’âge où l’on s’interroge, où l’on se questionne avec cette envie de s’exprimer, de s’affirmer. Paul Marques Duarte commence dès ses 12 ans à prendre le caméscope.. Filmer le quotidien, la vie, celle des autres… Raconter. “Réaliser c’est une passion, depuis l’enfance, j’ai envie de transmettre des histoires par le biais de ma caméra”. Sa personnalité mais aussi son entourage très bienveillant lui ont permis de s’épanouir tout au long de son adolescence. “J’ai eu, je pense, un déclic quand ma maman a quitté son travail pour monter une troupe de théâtre et faire de la comédie. “Grandir dans les coulisses de sa compagnie, la voir diriger des acteurs, ça a certainement nourri mon envie de faire la même chose.” C’est ce qu’il a fait. Encore en construction, il regarde la trajectoire étonnante de sa mère avec admiration et cela le libère, le renforce dans sa passion. D’abord au collège puis au lycée, son parcours se teinte rapidement de cinéma. “ Au collège, avec mes amis, on avait monté une web TV, ce qui me plaisait c’était le côté technique, la réalisation”. Puis l’option ciné au lycée pour se faire une culture plus développée, s’enrichir. “C’est surtout quand j’ai commencé à poster mes petits films sur YouTube et que j’ai senti un engouement, de très bons retours, que j’ai été d’autant plus motivé. Grâce à cela, j’ai pris confiance en moi, cela m’a considérablement aidé”  

Un réalisateur engagé 

Ses projets s’inspirent la plupart du temps de son quotidien, de ses aspirations, de ses engagements. Au-delà de son intérêt pour le 7ème art, c’est grâce à la caméra qu’il prend position sur des thématiques qui lui sont chères ; l’accueil des migrants ou encore la cause LGBT. “Je crois que le cinéma est un médium universel, ma façon à moi de m’exprimer, de passer mes émotions, mes engagements par la fiction, la réalisation de film”. Pour la transmission, ce jeune cinéaste a tapé fort : dès 2013 son premier court métrage : “Fruit qu’on fit », sur la difficulté d’exprimer son mal être quand nous sommes enfant, est diffusé au festival de Cannes, il avait à peine 17 ans. Depuis, son talent et sa maturité derrière les  yeux rieurs et le visage presque enfantin sont repérés ; il connaît plusieurs sélections en festivals internationaux et rencontre Thomas Guentch, producteur à Blue Hour Films. 

Puis, tout s’enchaine, ses réalisations se multiplient : des courts métrages sur la jeunesse, mais aussi un spot sur le harcèlement scolaire, ou encore en 2017 avec son court métrage “I love London” dans lequel il relate la traversée d’un réfugié syrien. Parce qu’en effet, son action ne se limite pas à la réalisation, il milite, il s’engage. En 2016, il est signataire de l’appel de Calais : il recueille notamment le témoignage d’un jeune soudanais sur les conditions de vie dans le camp. La même année, Paul, est jeune délégué français au congrès des pouvoirs locaux et régionaux du Conseil de l’Europe et intervient sur la question des migrants. “La cause migratoire m’est très personnelle : nous avons accueilli un soudanais, Sadig en 2015. Je l’ai rencontré lors de l’appel de Calais. Alors que l’hiver devenait plus rude encore, ma famille l’a rencontré et a échangé pendant plusieurs semaines avec lui, afin de lui proposer de l’héberger et, s’il le souhaitait, de l’aider à commencer une vie en France. Il a passé plusieurs mois parmi nous.”. Cette expérience m’a conduit à faire ce court métrage “Jeter l’ancre”. En effet, ce travail remarqué, comme une consécration, lui donne une visibilité optimale. C’est son premier film produit, avec le soutien de la région Bretagne, du CNC, de l’Adami et de France 2. 

 Garder les pieds sur terre  

Le cinéma élitiste ? Très peu pour lui… Paul met un point d’honneur à rester attaché à ses origines, à être lucide aussi sur son parcours, “ j’ai commencé avec 5 euros en poche et l’appareil caméscope de ma famille. Je dois beaucoup à ma région, le secteur du cinéma en Bretagne est très accueillant. Dès mes 15 ans, j’ai été beaucoup accompagné, j’ai eu très vite une visibilité. C’est surtout grâce aux festivals de cinéma que j’ai rencontré du monde”. Sa fibre artistique, très authentique, inspirée de faits réels, de faits sociétaux se doit d’être accessible pour tous. Son travail met un point d’honneur à rendre cet art comme le transmetteur d’un message commun fort. “J’aime beaucoup ça, plus que les films qui se prennent trop au sérieux, je veux faire du cinéma pour tout le monde !”. Être attaché au réel, une mission qu’il accomplit d’autant plus en participant à des ateliers pour les primaires, les collégiens sur le cinéma, pour expliquer son métier, et donner le goût aux autres pour le 7ème art. “Je retrouve dans l’énergie de ces jeunes la passion simple et vive que j’avais à leur âge, complètement passionné par ce milieu. Je retrouve la magie du début, cela me plait beaucoup de leur transmettre ça”. 

Paul Marques Duarte, c’est aussi une équipe. Un groupe né de rencontres successives, de « bouche à oreille » et de participations à des festivals. “Les échanges avec mes techniciens amateurs se sont faits très spontanément, lors d’évènements. Depuis on forme une troupe soudée, comme une petite famille.” 

Encore trop tôt pour en vivre, Paul travaille en parallèle de ses œuvres avec des publicitaires pour réaliser des séquences, et continue sur sa lancée avec de nombreux projets en tête. Déjà sélectionné et reconnu notamment en 2018 avec “Jeter l’ancre”, ce cinéaste breton avait conquis aussi le Festival du cinéma européen de Lille en 2020 avec son scénario “Barbette”. Un biopic sur un personnage des années 30 qui se travestissait pour être trapèze la nuit.

Mais son actualité est marquée par un bouleversement dans sa carrière : la réalisation de son premier long métrage, nommé “Ma fierté”. “Là je suis en train de franchir une grande marche, la réalisation d’un film d’1h30, écrit par le scénariste Romain Compingt “dont j’admire beaucoup le travail”. Ce jeune cinéaste n’a pas fini de nous surprendre, de nous toucher et ne compte pas en rester là. 

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