Coupe du Monde au Qatar. Au prix de la vie ?

Dans un peu moins de sept mois débutera la prochaine coupe du monde au Qatar (17 novembre au 12 décembre 2022). Une édition qui fait polémique depuis son attribution controversée en décembre 2010 et qui témoigne de la dangerosité politique vers laquelle se dirige le football.

Une élection suspecte

Si un jour on nous avait dit qu’une coupe du monde se disputerait en hiver, on ne l’aurait pas cru. De même, que nous n’aurions jamais imaginé jouer une coupe du monde au Qatar. Pourtant, d’ici au mois de novembre tous les regards seront portés vers l’hémisphère nord. Pays connu pour ses températures invivables plus que pour son niveau footballistique, le Qatar n’est clairement pas le pays organisateur que l’on attendait. La preuve, avant son élection, il ne s’était jamais qualifié à une phase finale. Alors, la disputer chez elle peut nous paraître illogique notamment lorsqu’on repense à l’édition de 2014 qui s’était déroulée dans un véritable pays de football : le Brésil. Cette édition nous amène surtout à nous poser des questions sur l’avenir du ballon rond, un sport contrôlé en grande partie par la Fédération Internationale de Football (FIFA) et dont les règles, comme les choix, évoluent dans le mauvais sens.

En témoigne l’élection de la coupe du monde en novembre 2020. Alors que plusieurs pays se disputaient l’organisation de l’édition 2022, le Qatar a été élu devant l’Australie, le Japon, la Corée du Sud mais surtout devant les États-Unis, grand favori (futur organisateur de la coupe du monde 2026). Un choix surprenant et qui n’a pas plu aux médias britanniques et américains qui l’ont fait savoir au lendemain de sa nomination en titrant « Truqué » pour qualifier la décision de la FIFA. Selon eux, de nombreux membres du comité auraient été impliqués dans des histoires de corruption. Certains auraient même été surpris en train d’accepter des pots de vin. Des déclarations qui font tache dans l’équité du football et qui démontrent que ce sport est désormais une question de politique et de business où le soft-power (le pouvoir de convaincre) règne. À la tête de cette attribution potentiellement corrompue sont présents plusieurs personnalités françaises du football. Car oui la France est l’une des grandes nations responsables de l’organisation de cet évènement.  Le premier, Michel Platini, ancienne gloire du football français des années 80 et président de l’UEFA (Union Européenne de Football Association) en 2010. D’après une enquête française, il aurait modifié son vote de dernière minute pour l’Émirat après un déjeuner auprès de l’ancien président Nicolas Sarkozy. L’idée était que le Qatar soit désigné organisateur de la coupe du monde en échange du rachat du club parisien (dont Nicolas Sarkozy est un grand supporter). Quelques mois plus tard, le deal est fait et le Paris Saint-Germain passe à l’ère qatarie (QSI). De plus, le fils de Michel Platini est désigné directeur général provisoire d’un équipementier qatari, filiale de QSI. Et ce n’est pas une coïncidence si depuis plusieurs semaines on évoque le départ des Qataris du PSG pour fin 2022, soit juste après la fin de la coupe du monde. Ou encore, Zinedine Zidane, ambassadeur du projet alors qu’il est pourtant considéré comme le dieu français du football. Quant à Sepp Blatter, président de la FIFA à l’époque, il était au courant de la magouille et n’a préféré ne rien dire par peur de perdre sa place sous la pression.

Un esclavagisme qatari

Mais le problème principal dans l’organisation de cette coupe du monde concerne le coût : 156 milliards d’euros, un record dans l’histoire de la compétition, douze stades climatisés polluant davantage l’environnement, et des milliers de morts. Des stades flambants neufs donc, et où la technologie est mise à toute épreuve au plus grand désarroi des ONG. En effet, bien que la compétition soit organisée en hiver, les températures sur le sol qatari s’élèvent tout de même à 25°. Alors pour rafraichir les stades, les constructeurs ont décidé d’installer un système de climatisation coûteux au niveau environnemental mais surtout humain. 6500 morts dont 70% où les causes exactes ne sont pas déterminées. Un score effrayant mais peu surprenant lorsqu’on connaît les conditions de travail. Un esclavagisme moderne mis en place dans les chantiers et dénoncé par l’Amnesty International. D’après eux, les ouvriers ont été honteusement exploités en ne leur laissant aucune chance de s’en sortir. Ils auraient été recrutés par des agences de leur pays avant d’être envoyés au Qatar sans savoir ce qui leur arriverait. Puis leur passeport aurait été confisqué afin qu’il ne puisse repartir. Un esclavagisme moderne depuis 2012 : la chaleur aurait fait 2000 morts de 2012 à 2018 bien le pays hôte réfute ce chiffre. Un désastre humanitaire passé inaperçu à la FIFA et qui a provoqué la colère de nombreux pays prétendant à la qualification à la coupe du monde.

Le boycott des pays

Norvège, Danemark, Allemagne, Pays-Bas… De nombreuses sélections européennes avaient profité de leurs matchs de qualification à la coupe du Monde pour demander le respect des droits de l’Homme au Qatar et ainsi boycotter la coupe du monde. Mais face à l’intransigeance de la FIFA et la difficulté d’annuler l’évènement à un an de son organisation, les différentes nations ont dû abandonner l’idée. Certains joueurs, comme l’allemand Joshua Kimmich, ayant même déclaré que c’était trop tard. Mais pour autant, certaines sélections seraient prêtes à dénoncer les faits par différents procédés. À l’image de l’Allemagne à l’Euro 2020 lorsqu’elle affrontait la Hongrie de Viktor Orban et qu’elle souhaitait mettre son stade en arc-en-ciel (décision refusée par l’UEFA). On peut également penser que certains joueurs pourraient également rompre leur partenariat avec des publicités liées au Qatar comme l’avait fait Antoine Griezmann lorsqu’il avait rompu son contrat avec Huawei afin de soutenir les Ouïgours. En conclusion, aucun boycott mais des prises de positions politiques importantes qui impacteront forcément cette coupe du monde.

Bref, on est bien loin des fameux propos de Thierry Rolland exprimés lors de la victoire des Bleus contre le Brésil lors de la coupe du monde de 1998 : « après avoir vu ça, on peut mourir tranquille ».

 


Des matchs de 100 min, la goutte de trop ? 

Gianni Infantino, président de la FIFA depuis 2016, a proposé une nouvelle règle pour la prochaine coupe du monde : passer les matchs de 90 min à 100 min. Une idée qui interroge après celles d’une coupe du monde tous les deux ans. L’objectif de ce format à 100 minutes serait de ne plus avoir de temps additionnels afin de favoriser l’équité. En soi l’idée n’est pas si stupide mais, encore une fois, Infantino veut changer les règles du football pour le plus grand regret des spectateurs. Une nouvelle innovation en coupe du monde après celle de l’assistance vidéo (VAR) mise en place lors de l’édition de 2018 en Russie et qui provoque souvent la colère des fans sur les réseaux sociaux.

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