Gatien Le Rousseau ou la revanche de « La Gass »

Gatien Le Rousseau dit La Gass est champion de France de cyclisme en handisport. A 19 ans, il vise les Jeux Olympiques de Paris 2024 sans aucunement délaisser ses études. La Gass ne lâche rien, jamais.

Dix-neuf ans et déjà champion de France handisport de cyclisme… Une prouesse quand on sait tout ce qu’a vécu Gatien Le Rousseau. Une année 2020 à l’hôpital, deux opérations. Trois mois sans marcher et quatre à broyer du noir. S’il est en pleine forme aujourd’hui et de nouveau sur le terrain, c’est grâce à sa force de rebond : « C’est lourd mais il faut l’accepter. Il faut se fixer des objectifs ». Des objectifs il en faut pour se remettre sur pieds, cependant l’élément essentiel qui a motivé son choix, c’est le soutien sans faille du corps médical et surtout de sa famille : « Mes proches étaient très présents, c’est indéniable. De ce que j’ai compris, ce n’était pas facile pour eux non plus mais ils avaient confiance en moi ».

Le parcours du combattant commence en cours de sport au lycée. Gatien se fait une banale luxation des genoux. « Je me suis dit, c’est un accident, ça arrive, je vais m’en remettre.» Hélas. Un soir d’été, à la plage, second accident, le genou gauche cette fois. Peu d’inquiétude pour le jeune homme, qui a vécu la même situation quelque temps auparavant. Il pense s’en remettre rapidement jusqu’à ce qu’on lui annonce que cela a touché le nerf fibulaire. La nouvelle est difficile à vivre « d’autant que j’ai fait une résistance aux anti-douleurs. » Il n’arrivait plus à plier ses genoux. « C’est avec un trimoteur, une machine accrochée à mon genou que j’ai pu remarcher. » Pourtant, il ne pourra plus courir et comprend qu’il n’est plus en mesure de reprendre le triathlon, un sport qui a accompagné et structuré son enfance, un aboutissement après avoir pratiqué du ping-pong, de l’escrime et du tennis.

L’influence familiale
Le jeune homme n’a pas de handicap lourd mais ne peut hélas plus courir. Gatien se dirige alors vers le handisport en suivant les conseils de son ergothérapeute qui lui rendait visite à l’hôpital. « Il n’était pas question d’arrêter le sport. Elle m’a gentiment mis en contact avec la Fédération française de handisport et j’ai obtenu ma licence. » Ce sera l’option vélo et comme il ne fait jamais les choses à moitié, il va s’investir à fond. « J’ai peut-être encore eu une influence familiale. Mon grand-père était cycliste, il a gagné pas mal de courses dans la région. » Il s’inscrit à « la Relève », un programme chargé de détecter les jeunes qui auraient un potentiel dans un domaine sportif paralympique « Je me suis beaucoup entraîné, énormément pendant l’hiver. » Une volonté qui paie puisqu’il devient champion de France paracyclisme, le 5 février à Bourges. Une fierté. Bien qu’il soit baigné depuis tout petit dans le sport, devenir champion de France n’était pas une finalité pour le jeune homme « Certains cherchent à devenir sportif de haut niveau, moi ça n’a pas été mon cas ». Même si règne en lui l’esprit de compétition, le sport reste un plaisir.

Tout est dans l’instant
Pour beaucoup de gens, il aurait fallu du temps afin de se remettre d’une telle épreuve, pour lui « deux secondes » ont suffi pour rebondir. Son rêve de gosse était d’intégrer les commandos marines mais ce dessein s’étant retrouvé compromis, il décide de préparer des études de Kiné, « ce fut difficile d’abandonner mon premier objectif mais il n’était pas question de ne pas faire d’études, ni de sport ». Il va donc passer par STAPS, ce qui lui permettra de vivre ses deux passions pour le sport et le soin. « J’avais d’ailleurs été accepté en PACES mais les accidents ne m’ont pas permis de m’inscrire ». Néanmoins devenir Kiné répondra à sa manière de concevoir une carrière professionnelle, « il y a ceux qui ambitionnent de gagner de l’argent, moi mon objectif est d’aider les autres », une certaine cohérence puisqu’il a toujours voulu rendre service et faire le bien autour de lui. Même s’il concède qu’il ne s’est pas forcément préparé au concours, il va rebondir, comme il a toujours su le faire. Sa force, c’est sa motivation. La bonne étoile ? Il n’y croit pas. « Peu importe ce qui va t’arriver, tu vas faire des rencontres, c’est le karma, il y a des moments où les choses peuvent ne pas bien se dérouler mais au final, il y aura forcément du bon qui va en découler ». Son nouveau challenge témoigne de sa force de caractère hors normes puisqu’il vise maintenant les Jeux Olympiques d’été qui se dérouleront à Paris. Il y croit et une chose est sûre, Gatien Le Rousseau a encore de nombreuses années devant lui en tant que sportif de haut niveau.

 

* STAPS : Sciences techniques des activités physiques et sportives

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