Et toi, tu fais quoi pour sauver la planète ?

Entendez-vous ce sempiternel refrain ? Celui de notre responsabilité individuelle, collective, sur le réchauffement climatique. Cette culpabilité distillée ? Que les choses soient claires : il ne s’agit pas de nier l’évidence ; les individus polluent, la planète Terre est à bout de souffle et cela n’est pas dû au hasard : la cause est bien humaine. La nécessité d’y remédier fait aujourd’hui largement consensus.

Néanmoins, c’est bien la méthode, pourtant clef de voûte d’un résultat optimal, qui pose question.

Nous avons, pour la plupart, tous conscience de l’urgence climatique et nous agissons comme nous le pouvons, à notre échelle. Nous trions nos déchets. Nous essayons de limiter les déplacements en voiture pour de petits trajets. Nous optons pour des gourdes à la place des bouteilles plastiques. Moins de viandes, plus de légumes. Moins de bains, plus de douches. Plus de trains moins d’avions.

Nous faisons de petits pas… Parfois plus grands, plus radicaux : comme celui de choisir de ne pas avoir d’enfant car trop polluant, nous sommes trop nombreux sur Terre… Nous ne partons plus à l’étranger par un vol sec ; pour cause de l’empreinte carbone… Et embrassons la devise « du petit pas pour l’Homme grand pas pour l’humanité ».

Génération millénium

Et effectivement, la donne est nouvelle. Avec une citoyenneté globalement plus vertueuse, et une génération millénium conscientisée, les valeurs sociétales seraient elles en train de changer ? Pendant longtemps la réussite financière, le matérialisme, étaient signes extérieurs d’une civilisation développée… Ce temps « bling bling » qui touche à son paroxysme dans les années 80, est quasi révolu.

La nouvelle génération, dans sa majorité, aspire à d’autres idéaux. Plus minimaliste, à la recherche du bonheur perdu, cette génération s’éveille. Et nos gouvernants essaient de suivre, à l’instar de Jacques Chirac : comment ne pas être d’accord avec lui lorsqu’il disait à tribune du Sommet mondial du développement durable à Johannesburg, en Afrique du Sud, en 2002 : « notre maison brûle… et nous regardons ailleurs ». C’était il y a vingt ans. Très bien, mais maintenant que fait-on ? Comment doit-on repartir la charge des efforts pour rompre cet engrenage ?

La fable du colibri

Parce que le fossé est grand entre cette nouvelle citoyenneté écologique et la quête de croissance, responsable d’une déforestation massive entre autre ou de l’exploitation toujours plus ambitieuse et peu glorifiante de matières premières (par des enfants de surcroit.) Fossé également entre une écologie « green washing » et une digitalisation du monde si peu « verte ».

Et si nous réveillions un peu le réel. Car il semble que cent entreprises soient responsables de 70% des émissions mondiales de CO2. CQFD ? presque…. Saudi Aramco, Gazprom, (qui exporte dans de nombreux pays comme en France ; 40% de notre gaz provient de cette entreprise) China Energy… En effet, les liens d’interdépendance de nos États, avec des grands pollueurs est un secret de polichinelle.

C’est de cela dont il est question ; ce double discours de nos gouvernants, signant à la fois un accord pour ancrer un laboratoire à Paris d’Aramco tout en ayant des envolées lyriques, engagées sur l’extinction de notre espèce à la Cop 21.

Et pendant ce temps, nous culpabilisons. En fait, ce sont peut-être nous, les gourdes.

Pourtant les données sont alarmantes et les actions concrètes sont têtues : Aramco pollue quatre fois plus que la France chaque année (en émission de CO2). Il y a là comme un éclat presque violent d’un certain cynisme et de l’ironie quand nous apprenons qu’EDF décroche un contrat avec China Energy, que la commission européenne autorise des vols à vide pendant la crise sanitaire qui perdure… De si nombreux exemples, trop d’exemples, d’incohérences, de doubles discours, d’impostures…

Comme le décrit bien l’étude « Faire sa part ? » du cabinet de conseil Carbone 4 « l’engagement individuel est indispensable, mais insuffisant », et pourtant le message politique est le plus souvent destiné à responsabiliser le citoyen, à grand renfort de conseils parfois indirects et inconscients. Cela arrange bien les responsables politiques et économiques, qui peuvent se complaire dans une écologie de façade qui ne remet rien en cause, et dont la responsabilité pèse sur chacun. Or, nous avons besoin de soutien, d’accompagnement pour parfaire ce changement de paradigme, il s’agit d’un nécessité brulante.

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