Avec le retour de Stromae et la sortie de tutelle de Britney Spears, le sujet de la santé mentale des artistes est de nouveau d’actualité. Retour sur une face cachée trop peu médiatisée.
27 octobre, c’est la date que j’ai choisie pour vous écrire les premiers mots de cet édito. « 27 » c’est aussi l’âge qu’avait Vincent Van Gogh lorsqu’il décida de se consacrer uniquement à la peinture. Surnommé « le fou », artiste à la personnalité hors normes, il souffrait également d’épilepsie… Et l’on ne saurait jamais pour quelle raison il se suicida un « 27 » juillet à l’âge de 37 ans.
Sensibilité extrême des artistes, jusqu’au boutisme, fragilité émotionnelle ? Les exemples de vies brisées ne manquent pas. Mais aujourd’hui à cet ADN artistique des femmes et hommes de l’art, s’ajoute une nouvelle donne : la médiatisation. Cette exposition puis surexposition noyant la frontière entre l’individu et son personnage, broyant la question de l’intime, les exemples de pertes de contrôle sont aussi nombreux que tristes à évoquer.
La légende semble même indiquer un angoissant fatalisme autour du nombre 27…
Le club des 27
« 27 » … l’âge qu’avaient un bon nombre d’artistes lors de leur disparition, « 27 » ou le nombre d’années qui se sont écoulées depuis le décès de l’un des leurs : Kurt Cobain. Comme Robert Johnson, Brian Jones, Jimi Hendrix, Janis Joplin, Jim Morrison ou encore Amy Whinehouse, pour ne citer qu’eux ; le chanteur de Nirvana s’est éteint à l’âge de 27 ans en se suicidant. Une balle dans la tête qui restera gravée dans la mémoire de la musique ainsi que dans celle des artistes. Une balle tirée suite à une dépression profonde du guitariste aux cheveux blonds, diagnostiqué maniaco-dépressif lors de son enfance.
La folie des « 27 »
Et si finalement on ne rebaptisait pas le « club des 27 » en « la folie des 27 » ? Une folie impactant les artistes de nos jours et de plus en plus présente sur scène. Le succès, la médiatisation, les tournées, l’angoisse, tous ces éléments qui jouent sur leur santé mentale. Comme pour Britney Spears, alors âgée de … 27 ans diagnostiquée « déséquilibrée » par des médecins, en 2008, après s’être enfermée dans la salle de bain aux côtés de ses deux enfants alors qu’elle avait perdu leur garde. Elle qui avait été la cible d’une presse à scandale qui pariait sur son suicide et son entrée dans le fameux club des 27. Quelques mois plus tard, une tutelle avait été mise en place. Une tutelle qui a pris fin en septembre dernier après treize années emprisonnée chez elle.
Aujourd’hui, il est évident que les célébrités sont trop médiatisées. Leur vie privée n’est plus protégée et chacun de leurs faits et gestes sont jugés. Une surmédiatisation qui peut-être parfois involontaire mais qui amène certains artistes au drame. Ne devrions-nous pas entamer une réflexion sur cette société sans filtre mais pourtant peu transparente lorsque ses héros flanchent ?
Le retour du maestro
Avec la publication de son dernier morceau « santé », l’artiste belge Stromae a fait son retour au premier plan. Absent des scènes depuis maintenant six ans (son dernier concert remonte à octobre 2015), l’artiste avait éprouvé, à l’époque, son sentiment d’inquiétude concernant sa santé mentale. Une « santé » qu’il nomme mais dont il ne parle pas dans son nouveau morceau. Malgré un titre pourtant nominatif, le maestro a préféré « célébrer ceux qui ne célèbrent pas » en rendant hommage aux travailleurs du quotidien à qui on ne prête pas toujours attention.
Comme Stromae, d’autres artistes francophones ont avoué souffrir de troubles mentaux et être proches du burn-out. Jain, Angèle, Big Flo et Oli ont notamment décidé de stopper leur tournée en 2019. De même que pour le rappeur Lomepal, alors âgé de 27 ans… ; qui avouait que la pression médiatique ainsi que le stress furent les causes principales de ce retrait. En 2017, le rappeur français chantait même dans son titre « Plus de larmes » : « j’idéalise trop les rockstars, parfois j’ai peur de vouloir rejoindre le club des 27 ».
