COVID 19 : LES MÉTIERS DE LA NUIT EN DÉTRESSE

Depuis presque un an, les portes de sa boite de nuit située à Pontivy sont fermées à double tour. Régis Toutain, multiplie les actions pour se faire entendre dans toute la France afin d’obtenir la réouverture du Missyl. Ce gérant, revient, pour nous, sur cette année si particulière. Entre colère, doute, et espoir.

Tout d’abord, comment allez- vous ?

Ce n’est pas simple à vivre… Psychologiquement c’est dur, parce que depuis Mars… on voit les semaines, les mois défiler et il ne passe toujours rien. J’ai été voir un psychologue, et je suis sous antidépresseur. On a fait des propositions au niveau national pour essayer d’obtenir une réouverture mais cela a été refusé. J’ai rencontré Alain Griset, ministre des PME, lors de sa visite à Vannes, et lui ai fait part de mes doléances, mais aussi d’un problème grave :  nous, patrons, ne touchons pas le chômage… Vivre sans revenu aussi longtemps n’est pas acceptable. C’est inhumain, inhumain…

En ce qui concerne votre boite de nuit, j’imagine que financièrement vous avez eu beaucoup de pertes ?

Oui bien sûr. Et on continue à en avoir, car tous les jours il y a des produits qui périment comme les jus de fruits qui vont devoir être jetés. Pour vous donner un exemple, les canettes de boissons énergisantes explosent toutes seules. Et là, financièrement ça chiffre vite…

Vous parliez tout à l’heure d’Alain Griset, il évoquait en Juillet dernier les 15 000 euros d’aide qui allaient être distribuées. Avez-vous réellement perçu ces aides ?

On va aller dans l’ordre. On a commencé par percevoir les fameux 1 500 euros par mois et c’est la seule chose qu’on obtenait à partir de mi-Mars. Ensuite, il nous a promis les 15 000 euros d’aides pour Juillet, sauf que tout le monde était en vacances là-haut donc forcément rien n’a avancé. Un décret est sorti en Août, et là presque personne n’était éligible, cela est remonté aux oreilles de Monsieur Griset qui a fait réécrire ce décret. Cependant, cela est sorti seulement début Octobre, donc le temps que ce soit mis en ligne sur les sites régionaux, qu’on puisse faire la demande… Nous n’avons pas touché d’aides avant fin Octobre.

Un vrai laps de temps s’est écoulé…

J’ai perçu par virement les 15 000 euros, cependant pour patienter, j’ai dû emprunter 94 000 euros en prêt garanti, repousser des échéances… Lorsque j’ai reçu cette aide, j’ai pu ventiler certaines choses fin Août et j’étais à jour. J’avais aussi réussi à mettre de l’argent de côté pour avancer les salaires, payer le chômage partiel !

Et avez-vous été aidé financièrement par vos banques ?

 J’ai deux banques. La première a refusé alors que c’est avec elle que je travaillais le plus, tandis que la seconde a accepté. Forcément, les conséquences auront lieu car il faut savoir être reconnaissant avec les gens qui vous font confiance. Après les vacances d’été, un nouveau décret est sorti, il est très restrictif. En effet, avant nous étions aidés pour rembourser la totalité de nos charges fixes et courantes, maintenant ce n’est plus le cas. Aujourd’hui, ils ont détaillé, et précisé que les charges liées à la location n’étaient plus prises en compte. Donc finalement, jusqu’en Décembre nous avions le droit à 15 000 euros de charges fixes maximum, mais avec ce nouveau décret, nous ne pouvons prétendre qu’à un tiers de cette aide, alors qu’avant nous pouvions obtenir le plafond. Ils sont malins, car ils nous mettent des bâtons dans les roues et ils appellent cela nous soutenir…

Vous avez des salariés, comment cela se passe pour eux ?  

Mon DJ et mon Barman ont trouvé des missions en intérim. Mon associé fait de la livraison de fruits et légumes dans les supermarchés. Et moi, je suis en train de passer mon permis poids lourds pour travailler en intérim également. Ce qui est tordu, c’est que je ne suis pas un travailleur non salarié, c’est à dire que je ne suis pas à la caisse des indépendants. Je suis salarié, cadre de ma société ayant pour fonction gérant social donc je n’ai pas le droit aux dispositifs des TNS, et je n’ai pas le droit au chômage. L’État n’a rien prévu pour les personnes dans mon cas donc un moment donné il faut aussi que je fasse quelque chose de mon côté.

Comment voyez-vous l’avenir ?

Je vais tenir, je n’ai pas craqué jusqu’à maintenant. Mais c’est vrai que ce type de situation, nous remet en question. À l’avenir je continuerais surement à faire de l’intérim un peu dans la semaine même si ma boite de nuit est ouverte. On s’aperçoit que l’avenir est incertain.

Ce qui est fatiguant c’est qu’il faut toujours se battre pour des choses qui devraient être logiques.

Vous avez bon espoir malgré tout alors ?

Oui. Ça sera long, il faut patienter, mais on sera là.

 

 

 

  • Image : droits d’auteur : Le Télégramme.
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