CULTURE CONFINÉE

En librairie, derrière des rideaux de fer baissés. En grande surface, sous des bâches noires opaques. Les biens culturels sont priés de se confiner, de force. Une chape de plomb s’est écrasée sur la culture, la reléguant au second plan d’une société qui en a, pourtant, bien besoin.

Les choix faits par le gouvernement sont contestables. Dans ce re-confinement « light », fermer les librairies n’était sûrement pas une priorité pour lutter contre la propagation du virus. Commerces « non-essentiels » ? Selon qui ? Car la période actuelle est sombre. « Attentats », « virus actif », « confinement », « chômage », « faillite », « décès ». Tels sont les mots courants inondant nos esprits dès lors que l’on allume sa télé, qu’on ouvre son journal où que l’on consulte ses réseaux sociaux.

 

La culture est primordiale

 

A ce titre, la culture n’est pas « essentielle », elle est primordiale. La mettre sous cloche en cette époque est une erreur.

Primordiale pour s’offrir une échappatoire au temps présent. Montesquieu disait : « Une heure de lecture est le souverain remède contre les dégoûts de la vie ». Les dégoûts qui n’épargnent personne dans l’actualité. Qu’ils soient liés au décès de George Floyd, à la décapitation de Samuel Paty ou aux plus de 500 décès quotidiens liés au virus. Pour François Busnel, les librairies sont « le meilleur bataillon pour lutter contre l’obscurantisme », les fermer serait nous priver de lumière.

« Favoriser les géants du net c’est favoriser une fainéantise de l’esprit qui se généralise »

Primordiale pour calmer les esprits, échaudés par la situation actuelle du pays. Terrorisme et Covid-19 forment actuellement un cocktail indigeste. J’ai à l’esprit cette phrase : « Nous laissons les livres sans surveillance car les voleurs ne lisent pas et ceux qui lisent ne volent pas » prononcée rue Al-Mutannabi à Bagdad. La culture peut être reçue, par beaucoup, comme un développeur de vertus comme l’ouverture d’esprit ou bien la pensée critique. Des valeurs qui font défaut à notre société depuis quelques mois (au moins).

Alors oui, il est toujours possible d’acheter et de lire des livres, d’écouter de la musique ou bien de regarder des films, mais à quel prix civilisationnel ? Amazon, Spotify et Netflix, sont les grands gagnants de ce confinement. Favoriser ces géants du net c’est favoriser une fainéantise de l’esprit qui se généralise. « Où est le temps pour la lecture et la recherche ? Où est le temps pour apprendre à se documenter ? Où est le temps pour la réflexion individuelle et collective ? » se demandait Jack Lang. Ce temps paraît révolu et son appel à la réouverture des librairies, avec d’autres personnalités publiques et politiques, est tombé dans l’oreille de sourds.

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