RÉFLEXION SUR UNE CENTRALISATION À LA FRANÇAISE

Le centralisme français ! Vaste sujet qui a fait couler beaucoup d’encre. On ne compte plus les ouvrages et les prises de parole dédiées à un fonctionnement qui trouve ses racines dans l’histoire de France. Les historiens rappellent souvent que l’on doit à Philippe Le Bel les premiers efforts de cette centralisation du pouvoir. Louis XIV, la Révolution Française, le jacobinisme, Napoléon Bonaparte n’ont fait qu’entériner ce particularisme hexagonal. La 5ème République porte en sa genèse les stigmates de cette gestion verticale et pyramidale du pouvoir.

Pour autant, ce fonctionnement est de plus en plus questionné par les Français. Depuis l’arrivée de ce maudit coronavirus en janvier, la gestion de la crise et les décisions prises par l’État ont de nouveau accentué les dysfonctionnements de cette centralisation.

Prenons un exemple parmi d’autres, celui de la gestion et de la distribution des masques. Les collectivités se sont retrouvées coincées entre la pénurie, les besoins des citoyens et les injonctions des scientifiques, sans aucune marge de manœuvre (ndlr : interview du 21/12/2020 – Témoignage d’un élu pendant la crise du Covid). On pourrait aussi parler de la mise en place du confinement au niveau national et même du couvre-feu imposé à toutes les régions, alors que la situation était infiniment différente entre la Bretagne et le Grand Est par exemple. Pourquoi ne pouvions-nous pas nous balader librement sur les plages bretonnes alors que chaque soir, des métros se retrouvaient noyés de personnes rentrant du travail ? Un simple exemple de la longue liste des incohérences qui ont entamé la confiance des citoyens envers l’exécutif.

Les limites de cette politique hyper centralisée ne s’observent pas seulement dans la gestion du virus mais dans de nombreux autres secteurs. Les médias en sont d’ailleurs un très bon exemple. En effet, excepté quelque rares exceptions comme Arte basé à Strasbourg, toutes les rédactions sont à Paris. Ce centralisme peut certes faciliter les réseaux entre journalistes et politiques, mais créer également une endogamie et une vision des médias nationaux totalement irréelle/hors-sol. L’exemple récent le plus frappant est peut-être le traitement de la crise des « gilets jaunes ». Mouvement né au départ dans les « territoires », il a été principalement analysé du point de vue de la capitale, oubliant l’essence même de ses revendications, et la réalité de cette révolte.

Mais la réflexion ne s’arrête là et prend racine bien plus profondément qu’on ne le pense. En effet, la grande majorité des politiques, sénateurs, ministres, journalistes, sont issus d’une même élite, éduquée au sein des principales grandes écoles situées… à Paris et il est vraisemblable qu’ils se soient éloignés avec le temps de la population et de ses idéaux. Un isolationnisme à la fois social, culturel mais aussi économique qui permet d’envisager le désintéressement politique de la population, ne se sentant ni représentée, ni comprise, en témoigne l’augmentation du nombre de votes blancs lors de chaque élection.

Triste constat qui permet de comprendre l’état de notre pays à l’heure actuelle. La question qui reste en suspens est donc de savoir si ce système va un jour évoluer ou complétement changer de forme. Nous pouvons néanmoins parier que l’après Covid aura de lourdes conséquences sur notre pays.

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