Trois ans et demi de prison ferme, dont une peine déjà purgée. C’est la sentence que vient d’ordonner le tribunal de Moscou à l’encontre d’Alexeï Navalny, avocat et opposant politique de Vladimir Poutine. Il est accusé d’avoir violé les conditions de sa probation alors qu’il se rétablissait, en Allemagne, d’un empoisonnement aux agents neurotoxiques qui a fait couler beaucoup d’encre.
Rappelons les faits, critique du régime de Vladimir Poutine, Alexeï Navalny tombe gravement malade le 20 Août dernier alors qu’il se trouvait à bord d’un avion qui le ramenait d’une campagne électorale en Sibérie. Finalement soigné dans un hôpital Berlinois alors qu’il était entre la vie et la mort, il avait immédiatement accusé les services secrets russes d’être à l’origine d’un empoisonnement aux neurotoxiques. Ce que le Kremlin a toujours réfuté.
Finalement guéri et de retour dans son pays d’origine, il a été arrêté à l’aéroport de Moscou le 17 janvier dernier – Il aurait pendant sa convalescence dû se présenter deux fois par mois à l’administration pénitentiaire Russe. En effet, depuis au moins 2013, Alexeï Navalny a été accusé de plusieurs délits dont ceux de détournements de fonds, d’escroquerie et de propagation d’idées ultra-nationalistes. Il a qualifié sa comparution mardi devant la justice de tentative de « faire peur et soumettre des millions de Russes », avant de se lancer dans un réquisitoire contre Vladimir Poutine. Lors de la lecture de l’ordonnance du juge, Navalny a montré du doigt sa femme, Youlia, dans la salle d’audience et a tracé le contour d’un cœur sur la cage de verre où il était détenu.
Les partisans de Navalny ont appelé à une nouvelle manifestation ce mardi devant le palais de justice de Moscou, mais la police était en force, bouclant les rues voisines et procédant à des arrestations aléatoires. Depuis deux semaines, les rassemblements de soutien à Alexeï Navalny s’enchainent dans au moins 80 villes du pays, plus de 8 800 personnes ont été interpellées, selon les chiffres provisoires d’OVD Info. A Moscou, c’est près de 1 300 personnes qui ont été arrêtées, dont la femme de l’opposant russe, Youlia Navalnaïa, interpellée alors qu’elle s’était déplacée pour manifester.
C’est dans ce climat glacial que les politiques du monde entier ont appelé, ce mardi soir, à la libération immédiate de l’avocat, « La condamnation d’Alexeï Navalny est inacceptable. Un désaccord politique n’est jamais un crime. Nous appelons à sa libération immédiate » tweete Emmanuel Macron suite à la condamnation. Il est rejoint par Londres, Washington et Berlin : « Le verdict d’aujourd’hui contre Alexeï Navalny est un coup sévère contre les libertés fondamentales et l’Etat de droit en Russie », déclare le ministre allemand des Affaires étrangères Heiko Maas.
Cette situation pointe-t-elle une dérive autoritaire en Russie ? Poutine voit, aujourd’hui, son opposant le plus menaçant mis derrière les barreaux. Le dirigeant russe perd-il des points auprès de l’opinion publique ? Les mobilisations vont dans ce sens. Ces dernières risquent de se poursuivre dans les prochaines semaines.
No Comments