CYRIL LAMOTTE : MOURIR PEUT ATTENDRE

Cyril Lamotte, marié, père de trois enfants a servi 26 ans dans l’armée. Une vie pas comme les autres. Aujourd’hui en pleine reconversion, l’ex militaire au poste de médecin/infirmier souhaitant devenir magnétiseur ou géobiologue, revient sur un parcours hors norme.

Dans les années 90, il est célibataire et solitaire, il s’engage dans l’armée en tant que bénévole après avoir effectué son service militaire. « A l’époque, il restait l’Ex-Yougoslavie, j’y suis allé ». La guerre yougoslave pour débuter. On peut dire que Cyril a été un véritable globetrotter. La Yougoslavie, la Centre Afrique, le Tchad, l’Afghanistan. Il sait que la guerre l’attend mais ce qu’il va voir dépasse l’entendement.

« En Afghanistan, ils ont voulu me tester. J’ai failli perdre connaissance ».

La guerre reste la guerre entre tragédie et désolation. Dans certaines situations délicates, le mental en prend un coup. L’horreur ne pardonne pas. Les massacres à s’en priver de manger et les collègues décédés…« Les images tu peux les faire partir mais pas l’odeur… c’est une cicatrice que tu ne peux pas enlever de ta tête. » Des moments insoutenables où l’homme n’a plus la force de continuer « Quand tu montes le camp et que tu déposes tes affaires, t’es pas loin de craquer ». Pour ne pas perdre la tête, Cyril s’entoure de sa famille, un aspect indispensable de sa vie pour garder les pieds sur terre mais souvent ce n’est pas aussi simple que ça « T’as besoin de tendresse mais ça n’arrive pas, il y a un vide. Tu en ressens le besoin mais ça n’arrive pas. C’est frustrant »

« Je côtoyais des gars il y a dix ans, c’était des guerriers. Du jour au lendemain, ils ont ouvert les yeux, et ils te disent « plus jamais ça » »

Cependant, c’est cette famille qui va parfois subir les contrecoups de son métier. C’est au sein d’un univers surréaliste qu’il a dû gérer quelques imprévus dans sa vie personnelle. « J’ai décalé la date de mon mariage pour partir sur une mission d’urgence » ou encore rassurer ses proches en rentrant « ce qui se passe c’est qu’on est dans l’incapacité d’appeler donc tu ne peux donner de nouvelles. Et quand tu leur dis que tout va bien, parallèlement, la famille voit des horreurs aux infos, c’est très difficile à gérer ». Les mots ne sont pas assez forts pour décrire ce qu’il a vécu « Tu ne peux pas exprimer à tes proches ce que tu fais, ils n’arrivent pas à comprendre ».

Mais il se sent « conditionné ». C’est une prérogative si l’on veut exercer cette profession « on doit s’adapter et en plus tu dois faire tes preuves auprès de tes supérieurs ». Si l’on veut survivre dans ce milieu très masculin, il faut montrer de quoi on est fait.

Être militaire, c’est donc accepter de mettre en péril sa vie personnelle et parfois son équilibre psychologique. Lui-même l’avoue, lorsqu’il devait repartir sur une autre mission, son esprit était brisé « quand tu repars, tu penses être rodé mais ce n’est pas le cas. Souvent ce sont tes proches qui te disent que ça ne va pas. »

Pourtant au cœur de l’horreur, quelques instants magiques

Pour autant, voyager dans le monde lui a permis d’avoir des moments inoubliables. Comme le fait de protéger un petit village en Centre-Afrique, et leur apporter du bonheur avec des jouets « l’après-midi on allait les voir pour leur donner des jouets et ils étaient très heureux ». Ou encore la beauté des paysages afghans « Ce n’est pas très boisé mais c’est beau. C’est une terre qui sent bon. Ils sont traditionnels dans leur campagne et ils sont très respectueux de leur environnement. Le matin, tu as des a gens qui vont s’occuper de leurs cultures. C’est super réconfortant. »

 Aujourd’hui Cyril n’est plus dans l’armée, il se retrouve en pleine reconversion pour trouver un métier dans la magnétisation ou la géobiologie. Il peut donc enfin profiter pleinement de sa famille tout en travaillant dans un nouveau secteur domaine. Pour une nouvelle vie.

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