IRÈNE ORJUBIN : UNE VIE MENÉE À LA BAGUETTE

C’est en mars 1982, que La Hûche à Pain voit le jour place des Lices, en plein cœur de Vannes. Aujourd’hui, Irène Orjubin est une entrepreneuse à la tête de cinq boulangeries et gère une équipe de 48 salariés.

58 ans, 48 salariés, cinq enfants autant de boulangeries. A Vannes, à Arradon, à Séné, Irène Orjubin s’est imposée. Entrepreneuse exigeante et passionnée, elle a le don d’ubiquité, elle contrôle, elle dirige, elle sait tout faire, elle est partout. Son assistante confirme « Madame Orjubin peut assurer tous les postes ».

L’histoire commence en 1982, avec son époux, Guy Orjubin, ils visitent une ancienne boulangerie, coup de foudre. Ce sera cette boutique ou rien, place des Lices. Ils ouvriront leur premier magasin, elle n’a que 19 ans.

Femme de caractère

Ambitieuse et déterminée, elle mène plusieurs batailles sans faire cas des obstacles. Son premier combat fut genré. Irène Orjubin femme de boulanger ? Elle ne s’en contente pas.  L’écrasante majorité masculine du milieu ne l’a jamais effrayée, elle a imposé sa vision du métier. Irène règne. Il s’agit d’une profession d’hommes au sein de laquelle « il faut s’affirmer sinon la femme n’a aucune légitimité ». Aujourd’hui elle maîtrise. La boulangère est bosseuse, et dirige ses équipes avec une extrême rigueur. Son exigence s’imprime jusqu’au management, où le vouvoiement entre les salariés est de mise, ordre de la patronne. Apparence tirée à quatre épingles et posture droite, elle vouvoyait son supérieur quand elle a commencé à travailler, elle avait 14 ans, ça lui est resté. Parfaitement conforme dans son rôle de cheffe, elle se fond à sa boutique, vêtue aux couleurs de la devanture.

Pourtant, cette histoire n’était pas toute tracée. Fille d’agriculteurs, elle s’est battue pour gravir l’échelle sociale, elle a fait sa place. Celle qui, jeune adolescente, cueillait des framboises dans la campagne pour gagner de l’argent, est aujourd’hui une figure vannetaise incontournable.

Le goût de la qualité

Second combat, l’industrialisation du métier. Elle aime les produits de qualité, le bon pain est sacré. L’authenticité, la saisonnalité, sont essentielles pour celle qui considère que « faire une tarte aux fraises à Noël est une aberration absolue ». Elle pointe le manque d’artisanat du milieu. Les artisans boulangers sont rares, deux sur dix, ce n’est pas normal. Comble du métier, certains se contentant de faire cuire leur pain à défaut de le fabriquer. La boulangère dénonce cette escroquerie. Dans ses boutiques, tout est fait maison, par amour des gens « je crois que c’est vraiment mon moteur de vie, partager ». Pour autant, Irène Orjubin n’est pas passéiste, elle croit en cette génération de passionnés « fous de leur métier ». Son fils de 25 ans, incarne ces nouveaux boulangers en lesquels Irène Orjubin a bon espoir « Ce sera sûrement lui qui reprendra la boutique, et à ce moment il fera ce qu’il voudra, tant que les valeurs familiales perdurent. »

Cinq boulangeries et cinq enfants, à la source de son inspiration. Elle refuse de céder à la facilitée incarnée par l’industrie des fastfoods. Ne lui parlez pas de Mac Donald, elle se crisperait. C’est en pensant à ses jeunes, pour lesquels elle veut proposer des déjeuners rapides, peu coûteux, délicieux, qu’elle met en place une formule étudiante. Elle en est convaincue, les jeunes sont soucieux de la qualité de l’alimentation, ils aiment bien manger. Elle, son péché mignon c’est l’éclair au chocolat. Elle affirme, fidèle à elle-même, sans hésiter « Je pourrais faire un tour du monde des éclairs au chocolat ».

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