LUTTE CONTRE LA MALTRAITANCE ANIMALE : L’ASSOCIATION L214 A SON ANTENNE À VANNES

Propulsée sur le devant de la scène médiatique avec des vidéos chocs dénonçant les conditions d’abattage, l’association française L214 se bat contre la souffrance animale. Une de ses antennes bretonnes basée à Vannes, réunit de nombreux bénévoles. David Vigent, membre de l’association depuis quatre ans rappelle leur politique et leurs actions.

Le ministre de l’agriculture M Guillaume a affirmé mettre des actions en place en faveur de la protection des animaux, qu’en attendez-vous concrètement ?

Certains partis politiques, comme le Parti Animaliste, mettent les animaux au centre de leur programme avec des mesures concrètes. Au niveau politique nous percevons des micro-avancées puis cela recule. Nous souhaitons qu’un ministère prenne en charge la condition animale, aussi bien pour les éleveurs que pour les animaux. Les EGALIM (Etats Généraux de l’alimentation) se sont déroulés récemment. L214 est, à cet effet, en attente d’une centaine de lois et d’actions tels que l’arrêt de la castration à vif sur les cochons, la fin du broyage des poussins ou de l’ébecquage des poulets. Ce sont des mesures qui semblent extrêmement simples en plus d’être demandées par le consommateur. Malheureusement, aucune des demandes faites lors des EGALIM n’a été acceptée, refus que nous imputons à la puissance des lobbies de la viande et de la boucherie. Nous comptons bien continuer à faire des demandes, à montrer la réalité. L’association estime qu’il est normal d’informer les gens sur ce qu’ils mangent et sur la souffrance que la société inflige aux animaux.

Pouvez-vous présenter l’association L214, ses valeurs et ses combats ?

Son combat principal est de mettre fin à l’exploitation animale. Notre association tient son nom de l’article L214 du code rural et maritime. Il précise que tout animal est un être sensible et doit être élevé et éduqué par son propriétaire dans des conditions compatibles avec les impératifs biologiques de son espèce. L214 a 11 ans, elle est née du collectif « stop gavage » fondé en 2008 par Brigitte Gothière et Sébastien Arsac ; Ils menaient des combats contre le gavage dans la rue. Sachant que la plus grosse exploitation mondiale est animale, ils ont souhaité changer les pratiques. Aujourd’hui, l’association compte 71 salariés et se divise en plusieurs pôles. Pour prendre un exemple, L214 œuvre pour que les industriels arrêtent les œufs de code 3 dans leurs magasins[1].

Comment avez-vous intégré l’association ?

Je me suis longtemps questionné, puis, grâce aux discussions avec les bénévoles de l’association j’ai rejoint L214. La bienveillance des militants Vannetais a également contribué à mon intégration. La première action que j’ai menée était à Vannes, contre le gavage, je n’étais ni membre ni adhérent. Puis, progressivement en écoutant les propos des gens engagés, j’ai été convaincu du non-sens de l’exploitation animale et de ses dérives, c’est alors que j’ai adapté mon mode de vie à mon discours, et je suis devenu adhérent.

L214 est-elle guidée au niveau national ou bien êtes-vous indépendants à Vannes ?

L’organisation est plutôt professionnelle, les actions sont proposées par l’association nationale L214. Elle se charge de nous suggérer des idées et nous fournit le matériel ainsi que les différents postes. A Vannes, nous sommes une équipe de trois référents. Nous avons signé une charte pour répondre aux propositions de l’antenne L214 France, mais si nous ne sommes pas à l’aise avec une action, nous la refusons ou bien nous suggérons autre chose.

Les méthodes appliquées par L214 ont provoqué des émules ces dernières années, que répondez-vous aux personnes qui critiquent ces mesures activistes ?

Certaines personnes sont réfractaires, d’autres non. Nous ne perdons pas de temps avec celles qui n’entendent pas nos arguments et qui ne les comprennent pas. Les militants ne veulent pas le mal, au contraire, ils prônent la bienveillance.  En revanche, je reconnais que, lorsque les actions militantes sont faites de manière explosive, cela peut engendrer des répercussions qui ne sont pas parfaitement maitrisées. C’est vrai qu’il y a du trash et du sang mais il existe d’autres méthodes plus douces. L’objectif n’est pas de simplement de montrer la souffrance, nous proposons des alternatives au système actuel à travers un régime alimentaire sans produits d’origine animale par exemple.

Les habitudes alimentaires en termes de consommation de produits animaux sont très ancrées dans la société, pensez-vous que la population est prête à modifier ses pratiques ?

Actuellement, la plupart des gens ne sont pas prêts à changer radicalement. Les lobbies ont la parole dans les médias, on entend que les produits laitiers sont nos amis pour la vie et que la viande nous rend fort. On ressent tout de même des envies de changement de la part des consommateurs qui ne veulent plus d’œufs en cage, ni de poulets transgéniques élevés en 35 jours. Les français rejettent l’élevage intensif et veulent changer mais pour cela, il faut leur donner les armes, même si les groupes industriels font en sorte du contraire. Cependant, ces derniers changeront si la population le demande, car c’est dans leur intérêt.

A échelle individuelle, quels gestes pouvons-nous mettre en œuvre au quotidien pour limiter la souffrance animale ?

Il faut s’informer. D’ailleurs nous travaillons sur l’aspect pédagogique en créant des diplômes d’état universitaires ou en distribuant des magazines dans les écoles. On peut aussi faire ses courses différemment et changer de rayon au supermarché. Si on ne veut pas cautionner la souffrance animale il suffit d’arrêter d’en manger.

Existe-t-il des équivalences de L214 à l’échelle européenne et mondiale ?

Oui il en existe, PETA aux Etats-Unis est extrêmement forte. D’autres organismes et associations similaires ont émergé au niveau européen. L214 forme une alliance avec eux pour faire passer des lois aux groupes industriels. Par exemple, Panzani va arrêter de mettre des œufs de code 3 dans ses produits. Mais ce n’est pas uniquement grâce à L214, ce sont plusieurs associations européennes qui ont fait pression sur la marque pour qu’elle évolue positivement.

L214 dispose d’une résonnance de plus en plus importante, comment envisagez-vous l’avenir de l’association ?

Il y a dix ans il n’y avait aucun salarié ; aujourd’hui c’est une véritable force de frappe. 700 000 personnes suivent L214 sur Facebook, c’est la plus grosse association d’Europe suivie sur les réseaux sociaux. Les utilisateurs des réseaux sont d’ailleurs notre principale cible, autour desquelles nous axons nos campagnes. Je ne sais pas où cela s’arrêtera et tant mieux. Plus l’association aura de la crédibilité auprès des gens, plus elle sera entendue et donc, les politiques changeront leur fusil d’épaule.

[1] Le code 3 sur les œufs signifie que les poules ont été élevées en cage.

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