ENORA LE PERSON A LA CONQUETE DE L’OR

Énora le Person, est championne de Jujitsu, un art martial ancestral japonais qui a vu le jour au VIIIème siècle. Véritable prolongement de la pratique du judo, cette discipline est une méthode de défense fondée sur le contrôle de soi et de son adversaire. Encore méconnue du grand public et hélas absent des Jeux Olympiques, ce sport compte pour autant, 16 975 licenciés[1] en Bretagne.

Vous pratiquez le Ju-Jitsu depuis l’âge de quinze ans, pouvez-vous nous expliquer cette discipline ?

J’ai, dans un premier temps, commencé par le judo dès l’âge de trois ans, puis le jujitsu à quinze ans en duo avec Camille Louboutin. Le jujitsu, est un art martial et ancêtre du judo qui compte trois parties : une partie pied-poing avec un mélange de boxe et d’aïkido, une partie judo et enfin la partie au sol qu’on appelle « Ne-waza », avec des clés de bras, de genoux, des étranglements…

Comment avez-vous eu l’idée de faire du jujitsu ?

Comme je pratiquais le judo depuis l’âge de trois ans, c’est tout naturellement que je me suis investie dans cette discipline. Mon entraîneur est ensuite venu me demander si je voulais faire du niveau National et du haut niveau.

Pourquoi avoir choisi de pratiquer du judo ?

J’ai commencé le judo, car ma mère en pratiquait ainsi que mes deux frères. C’est de famille et puis le judo est ce qu’il y a de plus simple pour commencer. Puisqu’on peut débuter dès l’âge de trois ans. Le jujitsu est un sport un peu plus violent, on peut se prendre des coups et avoir des bleus un peu partout.

Qu’est-ce que la pratique de ce sport vous apporte ?

C’est libérateur !

Avant mon entraîneur disait de moi : « c’est l’extrême, d’un côté il y a Camille qui est extravagante et puis Énora, calme, plus introvertie ».

Depuis que je fais du jujitsu, je suis plus libérée, dès que je vais à un entraînement, je ne pense à rien, je pense à taper.

Si je reviens avec un bleu, on met un pantalon, des manches longues et ça passe.

Vous faites actuellement partie de l’équipe de France. Quel a été votre parcours ?

C’est lors de notre première compétition à l’Open d’Orléans en Janvier 2013. Notre entraîneur nous a expliqué qu’il y avait des sélectionneurs Nationaux. On a remporté la compétition et une des sélectionneuses est venue nous demander nos coordonnées. Quelques semaines plus tard on recevait un mail pour un stage de sélection.

Il y a trois ans, à L’Open d’Orléans, vous avez décroché la médaille de Bronze. Cette année, visez-vous la plus haute marche du podium ?

On la vise toujours même si ce sont les premiers, deuxièmes, troisièmes Championnats, on vise toujours la plus haute marche.

Justement, comment vous sentez- vous à l’approche de la compétition ? Comment vous êtes-vous préparée ?

Normalement, on doit bien se préparer en amont, mais étant donné que je suis à Vannes, je n’ai pas de cours de jujitsu. Je suis partie pour un stage à Paris, le 13 et 14 octobre dernier, c’était le seul entrainement de fight envisageable avant les Championnats.

Sinon, pendant la  semaine je vais à la salle de fitness et au cours de judo à Vannes pour mon entraînement musculaire.

Et au niveau de l’alimentation, il n’y a rien qui change ?

Pas du tout ! (rire) Je suis peut être l’une des seules qui ne change rien, quand je vois toutes les personnes qui sont en Equipe de France, ils prennent des salades, ont une alimentation spécifique. Et moi, pas du tout, c’est comme si j’étais une personne lambda.

Comment conciliez-vous votre vie d’étudiante et de sportive ? Est-ce que vous parvenez à gérer l’école, les stages à L’INSEP[2] et les compétitions ?

Mon année de terminale était vraiment compliquée, il y avait le bac à passer. Aujourd’hui, j’arrive à étudier, même si je travaillais également lors des stages. Il faut savoir qu’on prend le train à 8h30, pour revenir le dimanche à 17h, c’est un rythme dense.

Lors des compétitions qui se déroulent loin de chez moi, je ne peux assister aux cours du vendredi voire ceux du jeudi et du lundi s’il s’agit de compétitions internationales mais je peux compter sur mes collègues qui me donnent les cours.

Le ju-jitsu ne fait pas partie des Jeux Olympiques, pensez-vous qu’il serait possible que cette discipline puisse être inscrite ?

Ce serait beau de voir le jujitsu au JO, nous sommes nombreux à le vouloir mais il faut vraiment attendre, car ce n’est pas un sport reconnu. On est de plus en plus nombreux et il y a des clubs en France qui font des compétitions pour les jeunes. Ils commencent à partir de Benjamin alors qu’au niveau National, c’est niveau cadet, junior et sénior.

Comment envisagez-vous l’avenir ?
On ne sait pas de quoi il sera fait !
Pour l’instant, je vais continuer le Jujitsu, car je passe dans la catégorie séniore.

Après les Championnats d’Europe, il y a les Championnats de France en sénior, je combats contre les mêmes personnes de d’habitude, ça sera comme mes autres championnats de France.

Et sinon j’aimerais bien faire un podium comme l’année dernière.

Merci Énora et bonne chance.

La carrière d’Énora Le Person en quelques lignes :

Énora débute sa carrière en duo avec sa partenaire Camille Louboutin, pour leur première qualification au Championnat du Monde en Roumanie, elles réussissent à monter sur la plus haute marche du podium en devenant Championne du monde en 2013. Un an après, elles réitèrent l’exploit en devenant Championne d’Europe et de France. En 2015, elles deviennent Vice-Championne de France à Epinal. L’arrêt de la pratique en duo ce fait en Mai 2015, c’est à ce moment qu’Énora commence la pratique en solo, en expression combat, chez les moins de 49 kg, la plus légère catégorie.

Énora est troisième pour ces premiers Championnats solo à l’Open d’Orléans en Janvier 2016. Deux mois après elle remporte la troisième place au Championnat du Monde à Madrid. Elle devient Championne au Grand Slam en Allemagne en 2017, la même année elle montera deux fois sur la troisième place du podium au Championnat d’Europe à Bucarest et au Championnat de France. Cette année elle obtient la troisième place au Championnat de France. Énora conclut l’année 2018 avec une médaille de bronze pour ses derniers Championnats d’Europe junior en Italie. L’année 2019, commence par une deuxième place à l’Open d’Orléans le 12 Janvier dernier.

Le prochain rendez-vous, est à Angers le 23 Février pour la finale qualificatif de France. Et le Championnat de France sera le 23 Mars au Puy-en-Velay.

[1] Chiffre de la Fédération Française de Judo

[2]Institut National du Sport de l’Expertise et de la Performance

Pour en savoir plus sur le Jujitsu : 

 

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