“Wokisme” : Rassembler ou diviser ?

Né aux États-Unis et popularisé par les réseaux sociaux, le terme “wokisme” désigne une prise de conscience accrue des injustices sociales, du racisme et des discriminations. Porté par des mouvements progressistes, il suscite autant d’adhésions que de critiques… En effet, il est accusé par certains d’alimenter une culture de la censure et de la division. Phénomène de société ou dérive idéologique ? Décryptage d’un concept qui ne cesse de faire débat.

Arrivé des États-Unis, le terme “wokisme”, se démocratise dès 2020, à la suite du décès de George Floyd, citoyen noir américain, battu à mort par les forces de l’ordre devant une foule passive. Ce mouvement désigne à l’origine la prise de conscience indispensable face aux injustices raciales et sociales.

A ce fait divers dramatiques, s’en est suivie la création de Black Lives Matter, ayant pour objectif de lutter contre le racisme et fatalement se sont ajoutées les injustices sociales et sexistes avec des courants comme ME too et LGBT. Avancées civilisationnelles ? C’est indéniable. Alors pourquoi tant de polémiques autour de ce sujet ? Le mouvement ne serait-il pas devenu un courant de pensées quelque peu radical ?

En effet, aujourd’hui, la peur d’utiliser le mauvais mot, la mauvaise terminologie ou la mauvaise blague est une réalité. Les adeptes du « woke » pouvant s’indigner dans un radicalisme punitif. On ne dit plus un handicapé mais une personne en situation de handicap, on ne dit pas il ou elle mais iel au risque de se faire dénoncer pour comportement sexiste et on ne dit plus une personne noire mais une personne racisée. Cette volonté de contrôler chaque mot ou comportement finit par ressembler à une forme de censure. Les gens ont peur, peur de dire les choses et ce prosélytisme n’aide en rien à changer cela.

Sans compter que le “wokisme” impose le plus souvent une nouvelle lecture de la culture qui tombe parfois dans une vision simplifiée et anachronique de l’Histoire. Certains monuments, œuvres d’art ou auteurs sont jugés uniquement à travers les valeurs d’aujourd’hui, sans prendre en compte leur contexte. Des exemples incluent le déboulonnage de statues comme celle d’Edward Colston, les critiques envers Christophe Colomb ou Voltaire, et la relecture d’œuvres comme Huckleberry Finn. Ces débats, bien qu’importants, peuvent simplifier l’Histoire en oubliant sa complexité. Effacer ces traces du passé peut priver nos sociétés de leur mémoire collective, pourtant essentielle pour apprendre et avancer. Comment préparer l’avenir sans comprendre le passé dans toute sa complexité, avec ses erreurs et ses leçons ?

Le « wokisme » est également présent dans la vie civile et accentue les divisions. Plutôt que de chercher ce qui unit, il alimente une logique de séparation et creuse les écarts. En privilégiant les revendications individuelles ou identitaires, il affaiblit l’idée d’un projet commun, essentiel pour construire une société solidaire. Dans un climat ou l’image numérique de l’individu est devenue une priorité, la notion de communauté est peut être oubliée.

Quant au « wokisme » dans les entreprises, la quête de diversité et d’inclusion, bien qu’indispensable, se transforme parfois en démarche superficielle. Certaines initiatives, mises en place uniquement pour répondre à des attentes médiatiques, finissent par être perçues comme artificielles. Cela crée du scepticisme, notamment chez les classes populaires, qui voient ces démarches comme déconnectées de leurs préoccupations.

Le “wokisme” a permis de mettre en lumière des injustices réelles, trop longtemps ignorées. L’objectif n’est pas d’être “anti-woke”, mais de refuser les dérives de ce mouvement.

Éduquer plutôt que censurer. Comprendre au lieu de juger.

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