Le féminisme : où en sommes-nous ?

Le rapport annuel du Haut Conseil à l’Égalité (HCE) révèle une fracture grandissante entre les jeunes générations en 2024 : « Les jeunes femmes sont de plus en plus féministes et les jeunes hommes de plus en plus masculinistes ». Le sexisme ne disparaît pas, il se transforme. Cette opposition soulève des interrogations sur les relations entre les sexes et les enjeux de l’égalité.

« Féminisme »… Dans la salle de rédaction, le sujet fait débat. L’un pense que c’est synonyme de haine des hommes, un autre y voit un combat nécessaire pour l’égalité. Les avis divergent, mais une chose est certaine : on en parle partout… Et beaucoup. Pourtant, aux luttes historiques et essentielles du XXe siècle : droit de vote, libération sexuelle, accès aux études supérieures – ont succédé de nouveaux combats – charge mentale, violences sexuelles, inégalités salariales, représentation politique… Les polémiques qui accompagnent ces mutations sociologiques sont prévisibles néanmoins, un nouveau mouvement est apparu : le masculinisme.

Certains hommes affirment être devenus la proie d’un « féminisme radical » dont ils seraient exclus. S’agirait-il d’une réaction maladroite aux évolutions ou un véritable problème de société ? Il est évident que les avancées féministes ont redéfini les rôles traditionnels, créant parfois une restructuration profonde de la société, au travail, dans la famille, et en ce qui concerne les archétypes sociétaux, les rôles de chacun étant si profondément définis et ancrés que les changements ne se font jamais sans heurt. Mais au-delà de ces phénomènes, ce sont les relations plus personnelles qui sont parfois bouleversées, certains jeunes hommes ne sachant plus comment aborder une femme sans craindre d’être maladroits. Pourtant, le féminisme ne s’est jamais identifié à l’exclusion des hommes, au contraire, il s’est constitué sur l’émancipation des femmes, en prônant une égalité pour tous.

L’impact médiatique

En 2024, le terme MeToo n’a jamais été autant prononcé dans les médias. Il faut dire que cette année a été l’objet de nombreuses affaires de violences sexistes et sexuelles : Benoît Jacquot, l’Abbé Pierre, le procès de Mazan…

Ces révélations ont intensifié les débats concernant le consentement sur les réseaux sociaux créant un nouveau hashtag : #JusticePourElles et de multiples personnalités médiatiques ont pris la parole concernant ce problème. Ce mouvement a permis à de nombreuses personnes de partager leurs histoires, de dénoncer des violences et de réclamer des actions concrètes. Les réseaux sociaux, certes parfois mal utilisés, permettent malgré tout de se confier et de se faire entendre. Néanmoins, le sujet des violences faites aux femmes ne se concrétise pas uniquement sur ce terrain du consentement. Hélas les violences conjugales et les meurtres qui peuvent en être la conséquence sont un autre point fondamental.

L’exemple de l’Espagne

Contrairement à la France, l’Espagne a enregistré une baisse de 25 % du nombre de féminicides depuis 2004. Selon ONU Femmes, le pays bénéficie de l’une des lois les plus protectrices au monde : »Mesure de protection intégrale contre les violences conjugales », votée en 2004 et complétée en 2017 par un « pacte d’État » comprenant 290 mesures interministérielles. Ces lois se traduisent concrètement par des équipes de police spécialisées, des tribunaux dédiés aux violences de genre et une protection immédiate des victimes, allant jusqu’à l’attribution de l’autorité parentale exclusive. L’Espagne délivre également 17 fois plus d’ordonnances de protection que la France et dispose de 33 % d’hébergements spécialisés supplémentaires.

En attendant, en France, on fait du bruit dans les rues, on s’inquiète de l’urgence mais rien ne bouge. En réalité, les victimes de violences conjugales sont encore bien trop souvent condamnées à retourner vivre avec leur agresseur, le temps d’une procédure judiciaire elle-même encore longue et incertaine. Une situation des plus préoccupantes, à l’heure même où nos voisins espagnols progressent sur le sujet. Combien de temps encore avant que soient prises des mesures efficaces ?

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