En 2024, les théories du complot continuent de prospérer, trouvant sur les réseaux sociaux un écosystème fertile. Longtemps échangées dans des cercles marginaux, dans des PMU enfumés ou à la table familiale, elles s’affichent désormais en pleine lumière, portées par la défiance généralisée envers les institutions.
Les platistes, par exemple, qui persistent à croire que la Terre est un disque, ceinturé par un mur de glace impénétrable. Selon eux, les agences spatiales fabriquent des preuves pour alimenter un gigantesque mensonge. Les vidéos de l’alunissage auraient été tournées en 1969 à Hollywood ! Derrière l’absurdité apparente de cette idée réside une méfiance profonde envers la science, vue comme une entreprise élitiste et manipulatrice.
Les climato-sceptiques, eux, assurent que le réchauffement climatique est une fiction montée de toutes pièces. Les glaciers qui fondent ? Des illusions créées par des « machines à glace » géantes en Antarctique. Bien qu’on puisse en rire, ces récits ridiculisent les efforts écologiques tout en détournant l’attention des véritables enjeux, alimentant un immobilisme dangereux face à l’urgence climatique. Plus inquiétant encore, le mythe des puces 5G dans les vaccins persiste. Il s’appuie sur la peur de la surveillance numérique et une méfiance envers les laboratoires pharmaceutiques, accusés de chercher à contrôler les populations. Si les preuves scientifiques ont maintes fois démantelé ces idées, leur popularité démontre à quel point la désinformation a pris le pas sur la confiance envers les institutions, au détriment de la santé publique.
Enfin, le meilleur pour la fin : les adeptes de la théorie des reptiliens, convaincus que des lézards déguisés contrôlent les gouvernements, illustrent la radicalisation de la pensée conspirationniste. Ces récits, autrefois anecdotiques, trouvent aujourd’hui un public plus large, attiré par leur dimension spectaculaire et leur rejet du pouvoir établi. On nous prouverait, vidéos à l’appui, que les « puissants » seraient en fait des reptiles humanoïdes sous couverture ayant intégré nos sociétés. Ce sont ici les plus populaires, mais l’imaginaire complotiste est sans limites : le 11 Septembre ? Commandité par Bush, évidemment. Les traces laissées par les avions, de la condensation ? Non, ce sont évidemment des produits chimiques lâchés dans l’air pour endormir la population ! La Terre est ronde ? D’accord, si vous voulez, mais alors elle est creuse et abrite une civilisation bien plus avancée (probablement les reptiliens, d’ailleurs) !
Ces théories, apparaissant risibles pour beaucoup, trouvent tout de même un public large (près de douze Millions d’américains croyant à la théorie de la Terre plate). Elles offrent des explications simples à des problématiques complexes, tout en permettant de rejeter la responsabilité sur des forces extérieures. Leur succès souligne un besoin urgent de rétablir le dialogue et de reconstruire la confiance entre citoyens, experts et décideurs. Il est important de retenir que, comme la créativité de bon nombre de complotistes, la bêtise est elle aussi infinie, et contrairement à la Terre plate, est bel et bien sans bordures.
Ndlr: Photo de Radio-Canada, pour l’article Oui, il y a eu de véritables complots
