Never Mind the Bollocks : Punk Rock will rise again !

« God Save The Queen », chantaient les Sex Pistols : Chant anti-gouvernemental, raillant la Reine à une époque où elle apparaissait comme une entité intouchable. À la fin des années 70, allant dans le sens des consciences en évolution constante, le punk rock s’est vite imposé comme le moyen principal qu’avaient les jeunes générations pour se faire entendre.

Revendiquant une anarchie claire et assumée, les punks « old-school » se jouaient des codes, les détournaient, les manipulaient à leur guise pour créer une musique percutante, tant du point de vue mélodique qu’idéologique.

Mais mettons nos walkmans sur avance rapide et avançons d’une petite cinquantaine d’années : nous voici aujourd’hui, en 2024. Qu’en est-il du punk ? L’adage « Punk is not Dead », fer de lance des amateurs de cette culture depuis des décennies, est-il toujours applicable à notre société moderne ?

Question de point de vue. Parce qu’en effet, si quelques irréductibles combattent encore et toujours le capitalisme par leur musique, cette époque semble malgré tout révolue. Pire encore, elle est aujourd’hui devenue tout ce qu’elle a toujours critiqué : une mode, un produit de consommation mainstream, récupéré par le capitalisme qu’elle dénonçait si férocement. Les tee-shirts à l’effigie des Sex Pistols ou de The Clash sont désormais vendus dans des chaînes de vêtements à grande échelle, et des marques de luxe s’inspirent des codes esthétiques du punk pour séduire une clientèle fortunée.

Découlant de cette mutation bancale, à la croisée du culte de la personne et de la démagogie, en ressort un problème majeur : un genre de « TikTokisation » du punk, repris par de jeunes gens à peine en âge de voter, pour exprimer des idées fortes dans le meilleur des cas, ou pour bien se faire voir des copains dans le pire. Combien de fois avons-nous entendu les Béruriers Noirs et leur fameux « La jeunesse emmerde le Front National » sur les réseaux aux dernières européennes ? Et pourtant, le nom des Bérus a-t-il spécialement été reconnu depuis lors ?

Pour beaucoup, ce déclin symbolise une perte d’authenticité, où l’esprit contestataire est dilué dans les rouages du marketing de masse. Cependant, le punk, tel un phœnix, a toujours eu la capacité de renaître sous d’autres formes. Des scènes underground continuent de prospérer, loin des projecteurs, dans des squats, des caves ou des bars enfumés, là où le Punk est né.

Peut-être que le punk moderne ne se mesure plus seulement par des riffs hurlants et des crêtes colorées, mais par un engagement toujours plus large contre les injustices sociales, les inégalités et les oppressions. Des mouvements apparaissant pourtant aux antipodes du punk comme le « straight edge », dictant une rigueur complète et une interdiction totale des substances illicites prolongent, à leur manière, cet esprit de résistance.

En 2024, alors que le monde traverse des crises multiples, qu’elles soient écologiques, économiques ou politiques, le besoin de rébellion n’a jamais été aussi criant. Peut-être que, plutôt que de dire que le punk est mort, il faudrait reconnaître qu’il a muté, s’adaptant à son époque pour mieux résister aux formes nouvelles de domination. Car si une chose est sûre, c’est que tant que des voix s’élèveront contre l’ordre établi, le punk, sous une forme ou une autre, restera vivant.

 

Ndlr: Photo de The Ringer, pour l’article The Siren Sound of the Clash’s ‘London Calling,’ 40 Years Later

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