Avec des tournages en suspens et des scénarios inachevés depuis plusieurs mois, Hollywood traverse une période tumultueuse. Grèves et reports de films ont fragilisé comme jamais l’industrie cinématographique américaine.
Dune 2 reporté en 2024, Spiderman aussi, idem pour Gladiator 2, autant de poids lourds tant attendus par des millions d’afficionados. Une situation qui parait dingue si l’on ignore que depuis mai dernier, la machine à rêves hollywoodienne semble être mise sur pause, pour un scénario aussi complexe que ceux de Christopher Nolan !
Mais pourquoi une grève d’une telle ampleur secoue-t-elle les plateaux ? Les causes sont profondes et difficiles à régler puisqu’il est question de phénomènes de société quasi inextricables, notamment liés à l’intelligence artificielle remettant en cause le statut même de l’acteur, de l’auteur ou plus généralement de l’artiste, mais une grève à double entrée puisqu’également liée au développement massif des plateformes de streaming. Bref une crise majeure même s’il est encore possible d’espérer qu’il ne s’agisse en rien d’une fin de partie pour tout un monde, celui des mythes du cinéma.
Parce que sur le terrain, ce monde enchaîne les faux-raccords sans écouter leurs employés. En effet, les plateformes de streaming monopolisent les bénéfices des films et des séries, ne laissant que des miettes aux salariés et c’est en partie pour cette raison que les directives du SAG-AFTRA, représentant 160 000 acteurs, cascadeurs, danseurs et autres professionnels du petit et du grand écran, ont été de stopper les tournages et de perturber la promotion des productions, créant ainsi un tumulte majeur à Los Angeles, comme jamais connu auparavant.
Parallèlement, une autre tornade menace : l’intelligence artificielle et sa technologie de plus en plus sophistiquée, capable de créer des voix et des images de synthèse extrêmement réalistes, menaçant l’emploi de centaines de personnes travaillant dans le doublage et l’écriture de scénarios. Devinant leurs métiers en péril et peu valorisés financièrement, les scénaristes ont lancé un mouvement de protestation, suivi par les acteurs deux mois plus tard. Ainsi depuis quelques mois, prioriser la machine à l’humain serait la nouvelle ligne de conduite voulue par les plus grands studios. Pour eux, l’utilisation des nouvelles technologies est aussi le moyen de faire des économies, dans un monde où les bénéfices sont devenus l’unique objectif. Et finalement, ce constat ne se restreint pas seulement au cinéma, il se généralise dans notre société au quotidien, montrant à quel point nous pouvons devenir des proies des évolutions technologiques, quitte à menacer l’équilibre de notre vie.
Le soutien des grandes stars hollywoodiennes, telles que Paul Dano, Margot Robbie, Bryan Cranston et Ben Stiller, a donné un élan majeur aux manifestations. Ils ont arboré des tee-shirts du syndicat des acteurs, ce qui a accru la visibilité et l’impact des grèves dans les médias exposant les problèmes au grand jour. On ne peut plus les cacher, et les studios, sous une pression croissante, ont finalement dû accepter d’entrer en négociations avec le syndicat. Des accords communs ont d’ailleurs été trouvés entre les studios et les scénaristes, mais la question des acteurs reste encore à résoudre. Le générique de fin de cette grève semble se rapprocher, néanmoins elle montre l’instabilité voire la perte d’équilibre d’Hollywood.
Un point de bascule dans l’histoire du 7ème art ? On perdrait Gros.