Président du Comité Départemental Handisport depuis 2003, Pascal Pronost est devenu malvoyant à la suite d’un accident sur son œil directeur. Il a su trouver la force de se dépasser grâce au sport, notamment le foot et le judo. Il a également créé une équipe de cécifoot et transmet tous les jours ses valeurs en aidant les gens à faire de leur handicap une force, à travers l’activité sportive.
Qu’est-ce qui vous a donné envie de reprendre le sport suite à votre accident ?
Après mon accident, j’étais toujours sous tension lorsque je sortais dans la rue, je manquais d’autonomie, d’assurance, j’avais peur de me faire mal en marchant. Cela peut vous paraitre surprenant, mais il m’est arrivé de me blesser à la cheville en trébuchant sur le trottoir. Suite à ces blessures à répétition, j’ai pris la décision de reprendre progressivement le sport, cela m’a permis de me remuscler et de me refaire confiance. Parallèlement, j’ai repris le judo pour réapprendre à chuter. Maintenant je sors dans la rue comme un voyant !
Comment êtes-vous devenu président du Comité Départementale handisport du Morbihan ?
Cela s’est fait naturellement, je suis arrivé au comité en 2001, à la suite de mes pratiques sportives. Deux années plus tard, le président souhaitait se retirer, je me suis porté volontaire pour le remplacer. Cela fait maintenant 17 ans que j’occupe ce poste.
Pouvez-vous nous présenter le Comité Départemental handisport du Morbihan, dont vous êtes le président ?
Le Comité Départemental Handisport est une émanation de la Fédération Française Handisport. La particularité de ce comité est que nous pratiquons tous les sports, cela va du basket à la natation, en passant par le cyclisme, le foot ou encore le tir aux armes. À partir du moment où une partie de notre anatomie ne marche pas bien voire pas du tout, on peut trouver solutions, il n’existe aucun handicap qui rende inaccessible la pratique sportive.
Actuellement, nous sommes composés de deux salariés et d’une dizaine de membres bénévoles, mais nous espérons que ce chiffre augmentera à l’avenir. En effet, nous sommes à la recherche de bonnes volontés pour soulager notre trésorier ainsi que d’assistants boccia, qui est un jeu tiré de la pétanque et pratiqué par les personnes lourdement handicapées, se déplaçant en fauteuil électrique principalement.
A combien s’élève le nombre de licenciés pour l’handisport dans le Morbihan ?
L’année dernière dans le Morbihan, ce chiffre s’élevait à 330, ce qui est peu si l’on compare à certains sports. Nous avons réalisé que nous avions un gros travail à faire sur la promotion de l’handisport vers les personnes handicapées, pour les remettre progressivement à l’activité sportive. La plupart des personnes qui ont un passé sportif y reviennent automatiquement, il n’y a donc pas besoin d’aller trop les chercher. Mais ce sont bien les personnes qui ont un déni de leur handicap qu’il faut aller bousculer un petit peu. Se retrouver en groupe entraine en effet, une sorte de sensibilisation, et permet également d’être moins dépendant du médecin. Les personnes handicapées qui ne se dépensent plus ont tendance à rester enfermées, refaire du sport leur permet d’être en meilleure santé, de sortir, de décompresser, de prendre du plaisir et de réassurer l’estime de soi.
D’autant plus que du point de vue financier, l’handisport est accessible à tous …
Oui en effet, le prix d’une licence s’élève environ à 30 euros que ce soit pour les jeunes ou les adultes, ce qui est peu cher si l’on compare à certains sports. Il faut noter que la plupart du temps, le matériel est fourni par le club comme pour le basket par exemple, qui nécessite un fauteuil spécifique. Nous essayons de faire le maximum pour que les activités soient le moins onéreuses possible, et ainsi atteindre un public large.
Ressentez-vous une popularisation de l’handisport dans notre société actuelle ?
Oui, nous remarquons que c’est un sujet de plus en plus traité, comme le montre l’exemple des jeux paralympiques. Les médias les couvrent davantage, cela se popularise beaucoup plus depuis Athènes, Pékin et surtout Londres, où les chaînes officielles ont dédié des créneaux pour les paralympiques. Le nombre de licenciés a également augmenté légèrement. Cette popularisation s’explique également par les journées de sensibilisation que nous effectuons dans les collèges et les lycées. Les enfants sont très souvent très réceptifs, et cela permet aussi de dédramatiser le handicap, et de montrer aux jeunes une autre vision. Comme je le disais précédemment, ce n’est pas parce qu’une partie de notre anatomie ne fonctionne pas ou peu qu’on ne peut pas faire de sport.
J’imagine que l’activité sportive a diminué à cause de la crise sanitaire ?
Oui c’est vrai, mais nous pouvons encore effectuer les sports d’extérieurs, comme le tandem ou le handbike. Pour que chacun puisse avoir une activité sportive quotidienne, nous avons également mis en place des séances sportives sur la plateforme Zoom. Ces séances vidéo sont encadrées par des coachs et servent aux licenciés à garder une certaine forme physique. C’est donc de l’activité sportive à la maison, comme on pourrait retrouver dans certains programmes de télévision.
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