La culture nous manque, le lien nous fait défaut, mais depuis deux jours les sourires des marins du Vendée Globe nous rappellent que de belles pages sont encore à signer. Bien que leurs exploits sportifs soient toujours aussi incroyables, cette édition sera marquée du double sceau de la solidarité et d’une galvanisante humanité.
Pour cette neuvième édition de « l’Everest des Mers », le scénario est inédit. Seules deux heures et trente minutes séparent le premier Yannick Bestaven (Maitre Coq IV) de Charlie Dalin (Apivia), son dauphin. Le vainqueur n’en revient pas : « J’ai l’impression de vivre un rêve, d’halluciner ». Un écart aussi faible : du jamais vu sur cette course. Même si les compensations liées au sauvetage de Kévin Escoffier (PRB) sont entrées en compte, cette arrivée s’inscrit dans la légende du Vendée Globe.
Entre le départ et l’arrivée aux Sables d’Olonne, le sauvetage du skipper de PRB a peut-être écrit l’une des plus belles pages de cette aventure. Fin novembre dernier, à plusieurs centaines de kilomètres des côtes sud-africaines, le bateau fait face à une mer déchainée et se brise en deux. En une minute l’IMOCA coule et Kevin Escoffier se retrouve au milieu de l’océan Indien dans son radeau de survie. Quatre skippers sont alors déroutés pour le chercher. Il sera retrouvé quelques heures plus tard par Jean Le Cam, qui avait lui-même été sauvé en 2008 par le bateau PRB lorsqu’il avait chaviré à proximité du Cap Horn. « Parfois, tu veux écrire un scénario, et tu n’y arrives pas. Mais alors celui-là… ». La boucle est bouclée.
Et que dire de Damien Seguin arrivant en « Capitaine Crochet » dans le chenal des Sables d’Olonne. Ce marin est aujourd’hui le seul à avoir boucler un tour du monde à la voile sans main gauche. Son aventure encourage chacun à « ne pas se mettre de barrière ». Arrivé hier midi, le skipper d’APICIL devancera vraisemblablement de trois ou quatre jours Clarisse Kremer. Il s’agira de la première femme à terminer ce Vendée Globe.
Une édition sans record de vitesse ni explosion des compteurs chrono mais d’anthologie par sa dimension humaine.
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