Théo, jeune artiste peintre alréen de vingt ans, déjà connu à Auray et à Rennes, part à la conquête de Paris, la ville lumière. Rencontre avec un créateur aussi élégant que le sont ses œuvres.
Lorsqu’on le croise devant un whisky, dans un des bars rennais qu’il fréquente, le physique détonne. Cheveux longs d’un noir profond ramenés en chignon, veste en cuir, mains délicates ornées de bagues massives. Il accueille dans un de ses fiefs, présent mais le regard tourné vers la foule, distancé à la recherche d’inspirations. Un personnage intense, à l’image de son art et de sa vie.
Malgré une famille ouverte, c’est avec réticence que son choix a été accepté, « j’ai eu le droit au discours classique « trouve un vrai métier, tu ne gagneras pas ta vie avec la peinture ». C’est seulement lorsqu’ils ont vu que les expositions, les projets et les commandes suivaient, qu’ils ont été un peu plus confiants ». Depuis, les vernissages se sont enchaînés, les commandes ont afflué et devant ce succès il a fallu trouver un nom. Tabou, un pseudo choisi à son image. « J’ai mis les lettres de mon prénom, mon nom de famille, dans un site de triche au scrabble me proposant une anagramme avec certaines lettres, ce fut Tabou, je trouvais que ça faisait sens. », un nom bien trouvé car désormais « ce mot commence à renvoyer à ce que je fais, à moi plus parfois qu’à sa définition du dictionnaire. C’est rigolo. »
De multiples influences
Ses influences oscillent entre Klein, Klimt, Egon Shield, le 19ème, le 20ème siècle, avec un travail organique, mais également la Renaissance, les travaux d’étude de Léonard de Vinci. Un rapport tortueux des corps mêlés à des couleurs verdâtres qui laisse entendre quelque chose de maladif, de creusé « Il faut qu’on sente qu’il y a quelque chose ». Il est aussi un amoureux des femmes, de la féminité « J’ai toujours eu une fascination pour elles, avec mon travail j’essaye d’offrir une cohérence entre l’esprit et la chair ». C’est la vie qui façonne cet artiste hors norme, aventureux. Il crée dans des endroits vivants, toujours sa plaquette d’aquarelles dans la poche, préférant « l’atmosphère rennaise, l’atmosphère de la nuit » aux bancs de sa licence d’histoire de l’art, « j’ai compris que je préférais être de l’autre côté du tableau, j’avais besoin de sentir la matière, d’être dans le concret. J’ai toujours été fasciné par l’art et pensé qu’il fallait développer la culture, notamment en ce moment où nous sommes dans une période trouble en termes de libertés individuelles, la culture rapproche les gens. »
Inspiré par la nuit qui le rend vivant, il trouve ses idées à travers « ce quelque chose d’irrespirable, d’ubuesque, les gens s’animent, pleurent, s’adorent et se détestent, c’est un grand théâtre de boulevard. C’est mon oxygène ». Il contemple, il admire, il touche, il ressent ; les odeurs, les matières, la lumière, les rencontres. A partir de là, la création permet d’extérioriser ce trop-plein d’émotions, de vie. « J’arrive souvent face à mes pinceaux, déjà un peu enivrée par la journée que je viens de passer à courir partout pour différentes choses, après avoir bu un verre, écouté un concert et discuté avec pleins de gens, cette notion d’enivrement me plait ».
Un artiste en devenir
Passionné, il a été vite conscient d’une certaine forme de vulnérabilité de l’artiste mais ça ne l’a pas arrêté « on est dans une aventure assez tumultueuse, il y a des jours avec et des jours sans, cela fait partie du jeu, financièrement surtout. »
Pour autant, son agenda est plein. Tabou a le vent en poupe. Récemment, il s’est essayé à peindre la musique, « je découvrais la musique, le nouvel album et je peignais en même temps comme je le sentais » une performance picturale réalisée à Nantes qu’il a appréciée et qu’il aimerait renouveler. Parallèlement, on le retrouvera aux côtés d’un pôle féministe rennais, s’essayant cette fois-ci à un travail davantage axé sur le pop art, jamais tenté auparavant, «Plus loin du corps avec des influences sur la révolution sexuelle d’hier et celle qu’on est en train de vivre aujourd’hui ». Un projet inspiré des magazines des Beaux-Arts des années 90 intitulé « liberté, égalité, sexualité », dans un rapport beaucoup plus libre avec des influences baroques mises en relation avec sa vie, «à mes expériences, à mes balades nocturnes, aux mots aussi car je lis beaucoup, les regards ». L’art sous toutes ses formes le nourrit et le porte, pour mieux retourner à ses pinceaux.
Cela est très bien écrit et donne envie de connaître l œuvre de tabou je suis sur que je vais aimer