Internationaliser son parcours
Qui n’a jamais rêvé d’apprendre son cours d’histoire sous le soleil de Rio, de réviser sa finance face aux montagnes enneigées du Canada ou de pratiquer l’anglais en visitant l’Australie ? L’Institut statistique de l’UNESCO indique que le nombre d’étudiants en poursuite d’études à l’étranger est en augmentation, les effectifs d’étudiants en mobilité internationale ayant augmenté de 5,1% par année entre 2006 et 2016.
Pourquoi un tel engouement ? Des envies de voyages, de nouveautés, de rencontres et d’apprentissage différents ? Un symptôme de la mondialisation ? Zoom sur ce phénomène.
Internationaliser son parcours, de la valeur ajoutée au CV, mais également, une expérience de vie incomparable.
Les chiffres parlent d’eux-mêmes. Chaque année, les étudiants sont de plus en plus nombreux à quitter le cocon familial pour se plonger dans l’inconnu. Les séjours et stages internationaux deviennent courants, les programmes d’études à l’étranger se multiplient sur les réseaux sociaux, en bref, il est difficile d’ignorer cette option.
Pratiquer la langue
Pourquoi partir à l’étranger ? La première raison est très probablement l’étude approfondie d’une langue. Bertil Hult, aujourd’hui homme d’affaire suédois, l’a compris, en fondant, il y a plus de cinquante ans, le programme d’études linguistiques « EF,Education Fisrt ». A la tête d’une société de quelque 46 500 salariés, ce « self made man » conte un parcours atypique. Ayant décroché du système scolaire « notamment pour cause d’incapacité à apprendre l’anglais », Bertil Hult devient finalement bilingue grâce à un échange linguistique à Londres. L’immersion en pays étranger lui apparait comme une évidence et il fonde sa société d’éducation internationale. La formule a fait des émules, et des adeptes ! Marion, 21 ans, étudiante à l’Université Bretagne Sud de Vannes est conquise et convaincue « je suis passée d’un niveau A2 à un niveau B1 en deux semaines ! ». Pour autant, ce n’était pas gagné. « J’avais un niveau faible en sortant du bac, ce qui m’a pénalisé pendant mes premières années d’études ». Sur place, la jeune étudiante partage sa chambre avec une jeune fille originaire de République Tchèque. Il faut parler anglais ! « Pendant les journées qui peuvent compter six heures de cours, interdiction de s’asseoir à côté d’autre Français »,pour Marion, rien ne vaut l’immersion.
Au cœur d’Oslo
Un cas loin d’être isolé puisque, d’ici 2030, les pronostics promettent 4% des étudiants en internationalisation. Aujourd’hui, dans certains secteurs, le bilinguisme- ou davantage – est d’ailleurs devenu une compétence « recommandée. Il y a deux ans, une année à l’étranger est imposée à Emma, alors étudiante à l’école Paris School of Business. Aujourd’hui, elle vit à Oslo. « Pendant nos premières années à l’école, on nous familiarise progressivement avec un échange international. Affiches, témoignages, nous sommes baignés en continu dans cet univers. ». 44 possibilités d’échanges, des noms d’écoles que l’on a pris l’habitude d’entendre, c’est une merveilleuse opportunité. « Je trouve ça vraiment fou, on nous offre la possibilité d’étudier dans des écoles incroyables qui sont, en temps normal, très difficilement accessibles. J’ai pu viser une école classée mondialement en finance ».
La jeune femme parle couramment trois langues et laisse derrière elle un sillage international : un stage de plusieurs mois à Madrid, un séjour d’un mois en Australie, un échange aux États-Unis dès le lycée, Emma construit un profil unique.
Une vision différente de la vie
Partir un an à l’étranger, c’est l’opportunité de se découvrir, et de faire face à certaines situations seul. Anaïs, tout juste 20 ans, et ambassadrice EF, confirme « Il m’est arrivé tellement de choses pendant mes voyages, j’ai traversé tellement de situations difficiles, qu’aujourd’hui, je me dis que tout est possible, et que je trouverai un moyen de m’en sortir quel que soit le problème ».L’étudiante se dit plus ouverte d’esprit. Vivre auprès d’une population étrangère, « être confrontée à la misère des autres, permet de remettre ses idées en place, de prendre du recul sur sa vie ». C’est une belle occasion pour comprendre ce qui est essentiel. Pour Emma « l’aspect matériel est maintenant beaucoup moins important à mes yeux que lorsque je vivais à Paris, j’accorde beaucoup plus de crédit à tout ce que j’ai acquis, vécu et vu, tout ce que j’ai partagé avec d’autres ».
Aujourd’hui, grâce à son statut d’ambassadrice chez EF, Anaïs voyage aux quatre coins du monde. Son rôle, entre autres, est de contacter régulièrement un grand nombre de jeunes afin de les encourager à partir à l’étranger.
De son côté elle dit connaitre « des gens du monde entier »,Hawaï, Mexique, Espagne, Bahamas, Orlando, la liste de ses voyages est longue.
Créer un réseau
Année de césure, années à l’étranger, stages, ces pratiques sont de plus en plus courantes dans les écoles privées et restent accessibles en université publique avec le cursus Erasmus notamment.
Pour autant, au sein du système scolaire français, les notes et les dossiers comptent encore beaucoup. Dès l’enfance, les Français sont conscientisés à l’importance des bons résultats. Or, aujourd’hui, les recruteurs d’entreprise et de grandes écoles attendent également des étudiants du savoir-être, du savoir vivre et du savoir-faire. Cette vérité est, bien évidemment, relative en fonction des domaines de professionnalisation, il n’en reste pas moins qu’un parcours internationalisé pèse désormais dans la balance professionnelle. Emma s’inspire de sa culture et de ses expériences françaises pour se démarquer des autres profils de candidats dans les sociétés norvégiennes, « La double culture, c’est recherché en entreprise ! En entretien, lorsque j’explique mon parcours, les recruteurs ouvrent les yeux ronds ! ». À 21 ans, et après deux années sur place, Emma est Trader Junior. En parallèle de ses cours, elle travaille deux jours par semaine pour une entreprise d’investissement en Norvège. Une opportunité qu’elle n’aurait pas imaginée possible en France. Au-delà du réseau, tenter sa chance à l’étranger permet de candidater dans des pays plus petits, avec moins d’entreprises et moins de candidats. Cité dans le magazine l’Étudiant, Michel Lodolo, directeur du Volontariat international en Entreprise affirme « Le taux d’emploi des jeunes en sortie de mission VIE (volontariat international en entreprise) s’élève à 94 %, et dans 85 % des cas, ces emplois sont en CDI « .
Temps et argent, les freins principaux
Les prévisions annoncent plus de dix millions d’étudiants en mobilité d’ici 2030. Des chiffres en hausse constante, mais qui ne représentent pas encore la majorité des élèves. Pourquoi, face à une telle richesse acquise sur place et des chiffres d’employabilité si élevé, les échanges internationaux ne sont-ils pas démocratisés ?
Parmi les raisons invoquées, le coût arrive en première position. « On n’a pas tous le budget pour prendre un appartement seul dans un autre pays alors on se retrouve en colocation. » explique Emma qui de son côté, a travaillé pendant ses années à Paris pour financer son départ.« Partir reste très cher, chez EF, il faut compter plus de 20 000 euros pour un an, sans les frais de nourriture sur place ».Il existe, pour autant, plusieurs systèmes de bourses qui permettent d’aider les familles à subvenir aux financements d’échanges à l’international. Des bourses Erasmus sont automatiquement attribuées à tous les étudiants faisant partie du système et des bourses régionales sont accordées selon certains critères de sélection pour une internationalisation en marche.
Source chiffres : Institut Statistique de l’UNESCO
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