Sous l’influence de ses parents, Eugénie Le Sommer débute le football dès l’âge de quatre ans. Après avoir enchainé quelques clubs lors de son parcours junior, elle parvient à signer son premier contrat professionnel dès sa majorité. À 29 ans, elle ne compte pas moins de huit titres de championne de France et cinq titres de championne d’Europe.
Vous êtes désormais championne de France et d’Europe en titre, avez-vous rencontré des difficultés dans votre parcours ?
Il faut nécessairement faire des sacrifices dans la pratique du sport de haut niveau. Je suis entrée à l’internat à l’âge de douze ans pour intégrer un sport-études féminin à Vannes, ce qui a été une période importante dans ma carrière, c’est là-bas que j’ai découvert le « haut-niveau » ! Même si j’étais jeune, mes entraîneurs avaient une certaine exigence et c’était la première étape de mon parcours professionnel. J’ai rapidement compris qu’il me faudrait faire des choix, en effet, le haut niveau impose une certaine forme de solitude. Lorsque j’étais à Lyon, je me suis éloignée géographiquement de mes proches qui sont pour la plupart en Bretagne et j’ai manqué un bon nombre de repas de famille ! Pour autant, je vis ma passion et c’est devenu mon métier !
Le football a-t-il toujours été une évidence pour vous ?
Dès l’âge de deux ans, je jouais déjà dans mon jardin ! Quand j’avais quatre ans, je disais tous les jours à ma mère que je voulais jouer au foot, et elle a fini par m’inscrire. Puis très rapidement, j’ai fait mon entrée en club, enchainé les matchs. Mon objectif était de progresser, je voulais être la meilleur possible et rêvais d’en faire mon métier, même si à l’époque il n’y avait pas de football féminin professionnel. J’ai toujours voulu aller jusqu’en Équipe de France, de croire en mes rêves. Pour moi, le football reste avant tout un sport universel pratiqué partout dans le monde et qui peut se jouer quel que soit son niveau.
Quelles évolutions pouvez-vous constater dans le football féminin depuis le début de votre carrière ?
Après avoir obtenu ma première licence en club. J’ai réalisé toutes les catégories et joué avec les garçons jusqu’à l’âge de 14 ans. J’ai découvert le football féminin à Vannes, en sport études. A la fin de cette aventure, plutôt que de me séparer de mes copines avec lesquelles j’avais disputé le Championnat 15 ans garçons, j’ai participé à la création de l’équipe féminine du FC Lorient. On était toutes de la région Bretagne et à l’époque, on nous avait proposé de créer une équipe. J’étais très heureuse à plus d’un titre : je jouais avec les meilleures joueuses de la région qui plus est sont mes amies ! On était assez jeunes : on a gravi les échelons. Pour ma part, je trouve que le football féminin a réellement progressé, il a connu une grande évolution au niveau médiatique. En peu de temps, il a obtenu une légitimité et est davantage médiatisé, pour autant le chemin est encore long pour combattre les préjugés. Lorsque ce genre de remarques disparaîtra, on pourra dire que le foot féminin est reconnu à sa juste valeur. Les mentalités doivent changer et les barrières, tomber.
Aujourd’hui, vous êtes rentrée dans la légende de l’Olympique Lyonnais en devenant la meilleure buteuse de l’histoire avec 250 buts. Comment le vivez-vous ?
C’est une fierté pour moi d’être la meilleure buteuse de l’Olympique Lyonnais, de plus, Lyon fait partie des meilleurs clubs du monde. Mais le plus important pour moi reste de gagner des titres que ce soit avec mon club ou avec l’Équipe de France, le reste c’est anecdotique. Il est vrai qu’à mon poste, les performances passent par des buts et des passes décisives, même si je ne regarde pas que ça. Je fais maintenant partie des cadres de l’équipe de par mon expérience et mon âge.
A 29 ans, quels sont vos objectifs personnels pour la suite de votre carrière ?
L’objectif est de continuer à gagner des titres avec mon club et d’en décrocher un avec l’Équipe de France, pourquoi pas cet été. Et pour le ballon d’or ? Je sais que je ne suis pas très loin des meilleures. Après, je ne fais pas nécessairement du ballon d’or un objectif personnel, mais si je me donne les moyens d’y arriver, je serais récompensée. Ce n’est pas le Ballon d’Or en lui-même qui m’attire, c’est plus le fait d’être la meilleure et de progresser chaque jour. Si j’ai la chance de figurer dans les trois meilleures joueuses, ça serait déjà bien.
Après avoir tout connu avec votre club et votre sélection, quel est le plus beau souvenir de votre carrière ?
Porter le maillot de l’Équipe de France est évidemment une fierté. La première fois que j’ai porté le maillot bleu restera gravé dans ma mémoire, c’est vraiment quelque chose d’extraordinaire. Mon plus beau souvenir avec l’Équipe de France c’était en 2011, quand on se qualifie pour les demi-finales de la Coupe du Monde en éliminant l’Angleterre 4 tirs au but à 3 (1-1 a.p.) en quarts de finale. C’est la première fois de son histoire que l’Équipe de France passe les quarts de finale d’une Coupe du Monde, donc c’était magique. Avec Lyon, c’était lors de la première Ligue des Champions remportée en 2012. J’étais jeune et je découvrais le haut niveau depuis peu, cette victoire avait forcément une saveur particulière.
A ce stade de votre carrière, pensez-vous à votre reconversion ?
Oui, bien sûr, je pense à ma reconversion. Depuis plusieurs années ! Cependant, je n’ai pas d’idée précise, je pense rester dans le football mais je ferai une petite pause pour me consacrer à ma famille. Ce sport est tellement chronophage !
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