SPORT À LA TELE : OÙ SONT LES FEMMES ?

Depuis 2014, le 24 janvier est devenue la journée internationale du sport féminin. Initiée par le Conseil Supérieur de l’Audiovisuel (CSA), l’initiative répond à un triste constat : une trop faible présence médiatique des sportives. 

 

La journée internationale du sport au féminin a pour ambition d’augmenter et de valoriser la médiatisation des sportives. Pari gagné puisque, depuis sa création, leur temps d’antenne est passé de 7% à 16-20%. Des émissions  dédiées comme les « 24h du sport féminin » ou les « Les 4 saisons du Sport féminin » ont également fait bouger les lignes. Un marathon vers la parité qui aura rencontré, depuis le début du XXème siècle, de nombreux obstacles.

Alice Milliat, pionnière du sport féminin

Les sportives avaient tout à prouver. Les chiffres sont éloquents, en 1900, 1% des femmes  étaient représentées aux Jeux Olympiques. En 2016, 45%. Une quasi équité gagnée en un siècle et portée par des personnalités qui ont compté. Parmi elles, Alice Milliat, Fondatrice de la Fédération des Sociétés Féminines Sportives de France. Rameuse, nageuse, hockeyeuse et militante engagée, la nantaise avait essuyé les propos sexistes de Pierre de Coubertin, fondateur du Comité international olympique. Opposé à la participation des femmes aux JO, il avait affirmé « qu’une olympiade femelle serait impratique, inintéressante, inesthétique et incorrecte… »[1]. C’était en 1947.

En hommage à cette sportive émérite et militante de terrain, la Fondation européenne Alice Milliat, est créée en 2016. Chaque année, elle organise un challenge solidaire connecté, organisé dans le cadre de la 1ère journée européenne du Sport féminin. « Il s’agit de rassembler le plus de participant(es), dans le monde et d’accumuler les kilomètres, pour mettre en avant le sport au féminin. » En 2018, lors de la troisième édition, 9032 participants ont parcouru plus de 900 000 km en un mois dans le monde entier.

Grégoire Quelain, en charge de la communication au sein de la fondation, se réjouit de cette évolution des mentalités « Au-delà de la question du genre, il y a un problème d’investissement. Il faut davantage de sponsors, ce qui va amener plus d’investisseurs, de moyens et donc de meilleures conditions pour les sportives, s’ensuivra une plus grande visibilité des femmes dans le sport. »

 

Nues en haut de l’affiche

Une stigmatisation sportive comme un miroir de l’image de la femme. Femme fatale, femme ménagère, femme objet – les stéréotypes ont la vie dure et les médias ne favorisent pas toujours l’évolution des mentalités.

Un peu par provocation, un peu pour la blague, quatre joueuses de l’équipe de France de football féminine ont, en 2009, décidé de poser nues avec un slogan : « Faut-il en arriver là pour que vous veniez nous voir jouer ? Message sous tendu « les sportives en ont assez de devoir être sexy pour que l’on parle d’elles. On ne demande jamais à un sportif de se vendre physiquement, les mentalités doivent évoluer. » affirme Dominique Tonnerre, ancienne basketteuse professionnelle.

Indéniablement, les sportives ont réussi à changer les mentalités et à revaloriser l’image de la femme, et ce grâce à leur visibilité et à leur prise de parole dans les médias. Eugénie Le Sommer, attaquante star de l’équipe de France de football, Marie Bochet, skieuse handisport ou encore Estelle Mossely, boxeuse professionnelle, sont devenues des modèles pour de nombreuses jeunes filles.

Une notion essentielle pour Candice Prévost, ancienne joueuse du PSG, « quand j’ai commencé le football à l’âge de 15 ans, j’ai eu plusieurs modèles comme Mia Hamm, joueuse de foot américain, puis Ingrid Boyeldieu, mon ancienne coéquipière au PSG. Hélas, elles n’étaient pas aussi visibles médiatiquement qu’aujourd’hui. Maintenant, on voit de plus en plus de jeunes filles avec des noms de joueuses sur leur maillot, elles s’identifient à elles. »

Les équipementiers l’ont bien compris. NIKE a ainsi créé une publicité pour valoriser le sport féminin, « Dream crazier »[2] incite toutes les femmes à réaliser leur rêve, en mettant en lumière des athlètes dans leurs disciplines respectives. Ce spot s’accompagne de la voix de Serena Williams, icône du tennis qui compte 23 titres du Grand Chelem à son actif !

Plus de cinq millions de téléspectateurs pour le championnat de Hand

Certains évènements ont, depuis quelques années, contribué à cette visibilité. Récemment, les Handballeuses française devenues Championnes d’Europe à domicile en remportant leur premier titre européen face à la Russie ont investi le champ médiatique avec force. Avec une moyenne de 5.387 millions de téléspectateurs soit 29% de part d’audience[3], la finale a été plus suivie que celle du Mondial de foot en 2017.

Même constat pour la Coupe du Monde de football qui aura lieu en France, cet évènement attire déjà son public, 590 000 billets écoulés en 24h, plusieurs matchs des bleues se joueront à guichets fermés, tout comme les demi-finales et la finale. Pour la première fois, la sélectionneuse de l’équipe de foot va annoncer la liste des joueuses en direct dans le JT de TF1 – diffuseur officiel de la compétition – Toujours pour le foot, début décembre 2018, Ada Hegerberg, 23 ans, attaquante de l’Olympique lyonnais, a été désigné par des journalistes comme étant la meilleure joueuse de football de l’année. Elle devient ainsi la première de l’histoire à remporter un ballon d’or au même titre que les hommes

Pour ces sports traditionnellement « masculins », c’est une révolution. Alors, bien évidemment, certains sports souffrent moins de ces inégalités, le surf, l’escalade le windsurf, le tennis, également paritaire – la Fédération versant des primes équivalentes (25 000 $), lors du premier tournoi du Grand Chelem (US Open), depuis 1973 – Pour autant, en ce qui concerne les sports en équipe ou encore ceux dits plus combatifs, comme la boxe, la parité n’est pas encore gagnée.

[1] Propos recueillis sur : https://www.ouest-france.fr/pays-de-la-loire/nantes-44000/la-nantaise-alice-milliat-defie-pierre-de-coubertin-4040315

[2] Publicité NIKE (https://www.youtube.com/watch?v=whpJ19RJ4JY)

[3] Chiffre de TF1 Pro et Médiamétrie

Crédit photo: AFP
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