Je n’ai rien fait de mâle

Dans un monde en quête constante d’équité et de reconnaissance des souffrances enfouies, le fléau des violences sexuelles, longtemps passé sous silence, trouve enfin l’écoute qu’il mérite. Pourtant, dans cette nécessaire libération de la parole, un phénomène tout aussi inquiétant surgit : celui des fausses accusations de viol.

Ce sujet délicat, souvent tabou, dans lequel je saute les pieds en avant, ne doit pas être ignoré sous prétexte de nuire au combat légitime contre les agressions sexuelles car si chaque victime doit être protégée et crue, il en va de même pour les innocents faussement accusés. Dénoncer ces dérives n’est ni un acte de misogynie, ni une trahison des victimes véritables, mais une défense essentielle du principe de justice.

Les fausses accusations de viol sont rares, certes, cependant, elles sont de plus en plus nombreuses et lorsqu’elles surviennent, elles laissent dans leur sillage des ravages. Un homme injustement accusé se voit soudain projeté dans l’abîme : sa dignité piétinée, sa réputation réduite en cendres, son avenir irrémédiablement compromis. Avant même qu’un verdict ne soit rendu, la société l’a déjà jugé, condamné au cœur de l’arène impitoyable des médias et des réseaux sociaux. La présomption d’innocence, ce pilier fondateur du droit, vacille face à la déferlante émotionnelle d’une époque avide de justice immédiate. Pourtant, n’est-ce pas là un paradoxe tragique que de chercher à réparer une injustice en en créant une autre ?

Mais au-delà du sort individuel de ceux qui sont faussement accusés, il en va de l’âme même de la justice. La vérité, fragile et précieuse, est ébranlée à chaque mensonge proféré. Une fausse accusation n’est pas seulement un mensonge envers l’accusé, c’est un coup porté à l’essence même du combat contre les violences sexuelles. Chaque cas de calomnie entache l’engagement collectif. Lorsqu’un homme innocent est cloué au pilori à tort, c’est aussi la parole des femmes qui s’en trouve fragilisée.

Ce soir là, sa mère lui avait pourtant dit de faire attention aux charmes des filles, au charme de la vie, de ne pas s’approcher trop près au risque de se brûler les ailes, elle lui a dit 

Mais accusé à tort par cette fille, on a détruit sa vie, on lui a tout pris.

Pourtant ce soir-là il n’y a eu aucun jeu de main, simplement des rires, des paroles et des « de rien ».

Innocent, il l’était, mais prendre position, sans trop de réflexion était sans doute moins long. Dans une société où il est obligatoire de choisir un camp, il fallait devenir quelqu’un dans cette histoire car nous n’avions pas le courage de devenir personne.

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