Après plusieurs années en qualité de formatrice et de coach orthographique auprès des jeunes, Anne Claire Lenoir est aujourd’hui praticienne en pédagogie positive. Il y a sept mois, elle a installé son cabinet de coaching scolaire et familial à Vannes au sein duquel elle propose une méthode associant l’apprentissage cognitif, l’écoute du corps mais également des émotions afin d’aller puiser les ressources des jeunes pour obtenir le meilleur d’eux-mêmes.
Bonjour Anne Claire Lenoir, pouvez-vous nous en dire plus sur la pédagogie positive ?
C’est un regroupement de nombreux outils déjà existants. C’est de la gestion mentale pour apprendre à apprendre, de la PNL*, l’intégration des réflexes archaïques. Ces réflexes sont des mouvements automatiques observables chez le nourrisson. Habituellement, ils émergent in-utéro et s’intègrent progressivement durant la première année de vie. Ils sont la base de la construction neurologique et permettent le bon développement moteur, émotionnel et cognitif. La pédagogie positive c’est aussi se pencher sur le rôle de la nutrition et de la gestion du sommeil, des écrans. Comme vous pouvez le voir, c’est très complèt.
Pour ma part, je m’intéresse surtout au corps et aux émotions.
J’ai commencé à l’expérimenter avec mes groupes de BTS. Au début, à leurs yeux j’étais la formatrice atypique, en décalage avec l’apprentissage classique. Très vite, ils ont constaté que mes méthodes leur permettaient de prendre du plaisir et d’apprendre différemment.
Chaque psychopédagogue complète sa formation en fonction de ses affinités et de ses approches. Nous ne sommes pas des spécialistes dans chaque domaine mais avons de nombreux outils dans lesquels piocher. Aujourd’hui, je m’installe à Vannes comme coach scolaire et familial et en fait mon activité principale. Pour ma part, j’ai choisi la pensée visuelle et l’axe corporel. L’objectif est d’accompagner des jeunes, du primaire à l’université, mais aussi des adultes. Je veux apporter une aide globale à l’enfant et à sa famille.
Après plusieurs années de formations auprès des jeunes, avez-vous connu des retours concernant le développement d’enfants tant personnel que professionnel ?
À l’accompagnement que j’ai mis en place en tout cas, oui, bien sûr. Je prends l’exemple d’un jeune garçon qui entrait, l’année dernière, en sixième et avait une peur panique du français.
Il pouvait pleurer en classe lorsque la professeure donnait un travail rédactionnel à faire.
Nous avons travaillé ensemble sur de la méthodologie d’apprentissage, comment chercher des idées pour apprendre, structurer ses idées, écrire un plan de rédaction tout en y ajoutant de la créativité. Ce jeune devait rédiger la suite d’une histoire, dans laquelle il devait personnifier des personnages. Pour aller chercher sa créativité, je l’ai invité à jouer aux Lego. En parallèle, nous avons travaillé l’écriture d’un plan de rédaction à l’aide de Mind Mapping. Enfin, nous avons abordé l’intégration des réflexes archaïques et progressivement, la partie émotionnelle qui l’empêchait d’avoir confiance en lui.
Ce jeune s’est beaucoup investi. Finalement, il a été sélectionné pour le concours régional suite à une rédaction qu’il devait rendre. Il a pris confiance en lui tout au long de l’année pour terminer avec seize de moyenne générale et avec les félicitations du conseil de classe.
Cette réussite, pour un enfant qui pleurait au début de l’année et qui pensait ne jamais réussir à écrire deux lignes, c’est l’histoire d’un jeune qui a évolué grâce à lui-même, en allant chercher ses ressources intérieures. Chercher le goût de l’effort, du dépassement de soi, je suis là pour aider à faire ce chemin-là, afin d’aller vers la réussite.
Comment vous situez-vous par rapport aux psychologues et à tous les professionnels de santé ?
Ce qui est important, c’est que chacun reste dans ses compétences. De mon côté, je travaille sur des blocages, qui parfois se réfèrent à l’aspect psychologique. Cependant, je ne suis pas psychologue, ce n’est pas mon métier. Lorsque l’on est coach scolaire, ce qui est important c’est de travailler en réseau. J’interviens en complémentarité des établissements scolaires, des orthophonistes, des ergothérapeutes, des neuropsychologues. Ce qui m’est arrivé à plusieurs reprises, c’est de pressentir le trouble chez l’enfant. Je ne suis pas habilitée à poser un diagnostic, alors je l’oriente vers les professionnels de santé.
Je ne suis pas LA solution, l’important lorsque l’on travaille avec l’humain c’est de savoir rester humble par rapport aux difficultés et d’être conscient que l’on ne peut pas tout faire. Être capable de passer le relais à d’autres professionnels c’est primordial.
La valeur ajoutée que je peux proposer, c’est d’aider des parents qui peuvent être perdus à la lecture des difficultés de leur enfant. Ainsi, je propose un regard d’ensemble de la situation et je les guide vers les professionnels adéquats. C’est une clé essentielle pour des parents en détresse.
Proposer du coaching scolaire est-ce travailler en concurrence avec le corps enseignant ?
Absolument pas, au contraire, je parle de complémentarité. Dans une classe d’une quarantaine d’élèves, l’enseignant doit faire avancer le groupe. On atteint la limite en termes d’individualisation. Ce que l’on cherche à travers l’accompagnement avec un coach scolaire, c’est la prise en compte d’une difficulté passagère ou d’un trouble et comment y remédier sur la durée. Bien que les méthodes de travail évoluent à l’école et s’ouvrent à des positionnements plus actifs de l’élève, il n’est pas réaliste d’imaginer que l’école puisse avoir une réponse personnalisée pour chacun. Je travaille avec ceux qui ont besoin d’une aide et d’une approche différente.
Est-ce que l’on parle de croyance, ou d’esprits prédéterminés pour réussir à pratiquer des pédagogies alternatives et positives ?
Aujourd’hui, notre société est normative et demande une réussite scolaire. Les enfants souffrent lorsqu’ils ne réussissent pas autant qu’on le souhaiterait. En découle naturellement la souffrance des parents, par rapport à l’enfant idéal dont ils rêvent dans le système scolaire. À partir du moment où l’on va chercher un accompagnement en dehors du système scolaire, il y a déjà une ouverture, la personne est prête à s’engager dans une démarche. Je ne travaille qu’avec des jeunes volontaires. C’est un réel partenariat mis en place avec le jeune et sa famille. Il n’y a pas de pré requis, tout le monde peut travailler et s’investir. Il est question de croire en sa capacité d’évolution et d’apprentissage.
Il est question, aujourd’hui, d’une profonde réflexion autour du fonctionnement de notre comportement psychologique et social, mais également conernant la guérison de nos blessures. Est-ce que cela vous arrive que certains de vos clients soient sceptiques face aux pédagogies alternatives ? Qu’est-ce que vous leur répondez ?
Bien sûr, cela m’est déjà arrivé. C’est compréhensible que les parents se posent des questions lorsqu’ils envisagent une prestation privée, en libéral. L’important pour moi est de créer une relation de confiance avec le jeune et sa famille. Je travaille sur des objectifs qui vont être déterminés en partenariat eux. Cela va leur permettre de pouvoir mesurer l’évolution et l’atteinte de l’objectif. Pour autant, il arrive que parfois je ne sois pas le bon interlocuteur et c’est à ce moment là que le travail en réseau est essentiel.
Former des jeunes à une pédagogie non académique, n’est-ce pas les mettre en difficulté et en décalage pour leur future vie professionnelle ?
Il faut savoir que les personnes qui arrivent à mon cabinet ont, de fait, des profils atypiques. Ce qui les caractérise souvent, c’est leur hypersensibilité, leurs pensées divergentes, arborescentes. Ils vont apporter quelque chose de différent à la société, c’est à nous de valoriser cette différence.
On a tous nos forces et nos faiblesses, l’important c’est de savoir les identifier et de savoir faire avec pour évoluer dans notre société. Mieux on se connait mieux on s’adapte et rayonne.
*PNL, Programmation Neuro Linguistique.
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