Le Consentement, une bombe sociale nécessaire

Mercredi 11 octobre 2023. Sortie du film « Le Consentement » de Vanessa Filho. Un film bouleversant, mais pas seulement… Il a, au début de l’hiver, fait l’effet d’une « bombe sociale » et est certainement tombé au bon moment.

Dans les salles de cinéma, le souffle est coupé, l’atmosphère est lourde, l’ambiance pesante. Plus personne n’ose parler, plus personne n’esquisse ne serait-ce qu’un sourire. Pourtant, le voir est essentiel. Cet impact cinématographique, les réseaux sociaux y sont pour beaucoup, dès sa sortie, sur Tiktok, les vidéos ont fusé, on y a vu, les réactions de jeunes filles, des jeunes femmes face au visionnage du film. Des pleurs, l’aversion, le chagrin, les émotions étaient fortes. Phénomène de bouche à oreille, cela a poussé les utilisateurs de la plateforme à aller voir le film. Face au choc visuel mais aussi psychologique, une question s’est posée, comment la société française a-t-elle pu laisser l’auteur agir de la sorte ? Pourquoi avoir laissé ce prédateur sexuel en liberté ? Sa notoriété y est-elle pour quelque chose ? Bref, le dégoût.

L’histoire de Vanessa Springora

Au départ, il s’agit d’un livre, comme une confidence de ce qu’elle a vécu. Le Consentement de Vanessa Springora paru en 2020, retraçant sa propre enfance sous l’emprise du célèbre écrivain Gabriel Matzneff avait bouleversé le monde littéraire. Cette histoire entre une enfant âgée de 13 ans à l’époque et d’un auteur de 50 ans avait choqué et fait froid dans le dos.

Gabriel Matzneff, âgé aujourd’hui de 87 ans, ne s’en est jamais caché. Auteur prolifique depuis plus de 40 ans, ses livres racontent souvent par le détail les relations et rapports sexuels avec des mineures. En 1990, il y a 34 ans déjà, c’est à la télévision, sur le plateau d’Apostrophe, émission de littérature, que l’auteur se vante de relations avec des enfants de 14 ans, 15 peut-être. A ce moment, seule Denise Bombardier, chroniqueuse, romancière et animatrice de télévision canadienne semble s’insurger face à ses propos. Mais cela ne fera pas plus de bruit, cela n’ira pas plus loin, comme elle le dit, l’auteur se sert de la littérature pour faire certaines confidences. Comme si tout était accepté et normalisé, l’auteur reçoit au long de sa carrière de nombreuses récompenses littéraires, les prix Mottart et Amic, ou encore le prix Renaudot essai en 2013. Le problème est déjà instauré, les littéraires banalisent et encouragent l’apologie de la pédocriminalité dont fait preuve Matzneff dans ses écrits. Une popularité morbide.

Ainsi, lorsqu’en 2020, Vanessa Springora dénonce tout cela dans un roman, c’est comme une bombe. Mais le genre de bombe qui fait du bien, une dénonciation méritée, pour toutes les mineures abusées à l’époque et prises dans le piège de l’écrivain, qui use de sa réputation. Avec la mise en lumière du mouvement #MeToo arrivé en France quelques années auparavant, encourageant la prise de paroles des femmes sur le viol et les agressions dont elles ont pu être victimes et cet ouvrage, l’état français réagit. L’ouvrage a permis de renforcer la protection des mineurs contre les violences sexuelles avec l’adoption d’une loi fixant de nouveau le seuil de consentement.

Depuis la sortie du livre, et d’autant plus du film, les langues se délient, des plaintes sont déposées. 23 novembre 2023, plus d’un mois après la sortie du film, une femme dénonce : elle a été violée et agressée par l’auteur de ses 4 à 13 ans. Elle n’est pas la seule. Francesca Gee, ancienne journaliste, elle avait 15 ans quand elle le rencontre, et raconte comment l’écrivain l’a utilisée. Aujourd’hui encore, de nouvelles affaires éclatent, comme l’affaire criminelle Epstein, exerçant prostitution sur des enfants, ou l’affaire Depardieu…

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