MC DONALD’S: DU ROUGE AU VERT POUR NE PAS FINIR SUR LA PAILLE

Depuis son passage au vert en 2009, le célèbre logo de Mc Donald’s France est apparu accompagné d’une politique de développement durable. La chaîne de fast-food produisant 115 tonnes de déchets par jour s’adapte aux préoccupations de la société actuelle. Adieu le rouge pétant et le clown Ronald McDonald énergétique, bonjour l’enseigne éco-responsable soucieuse de l’environnement. Zoom sur la paille en carton recyclable, qui ne l’est en fait pas du tout.

« Greenwashing » : pratique marketing consistant à mettre en avant des arguments écologiques pour se forger une image écoresponsable.

Plus personne ne peut faire l’impasse sur la crise climatique. Ni les politiques, ni les entreprises. Le « green compatible » est devenu une préoccupation majeure ainsi qu’un enjeu civilisationnel et… économique. Parfois, pour se mettre à la page écologique, certaines entreprises changent leur image, et pour se faire peuvent se perdre dans des contradictions communément appelées greenwashing. Mais il y a un hic. Le cœur de métier de certaines de ces firmes est par nature polluant, ce qui entre en contradiction avec la limitation de leurs effets néfastes sur l’environnement. C’est là qu’est le paradoxe : on clame haut et fort que l’on veut du bien à la planète, tout en instaurant une activité qui met à mal sa santé.

Campagne EDF de 2009. Slogan : « Changer l’énergie ensemble ». L’accent est mis sur les actions de l’entreprise pour promouvoir des alternatives propres aux combustibles fossiles et sur des solutions au réchauffement climatique. Coût alloué au budget de recherche ? 8,9 millions d’euros, qui représentent 2,1% du budget de recherche et développement de l’entreprise. Coût de la campagne de communication ? 10 millions ! Plus récemment, le lancement de Coca Cola Life en 2015 était la promesse d’un soda sans édulcorant ni aspartame. La boisson au packaging vert se disait « sucrée à partir de sucres naturels ». Pourtant, on était pas loin d’avoir à notre portée un breuvage meilleur pour la santé. En réalité, le goût sucré était obtenu par des processus chimiques, avec des glycosides de stéviol et du sucre. Ces pratiques sont l’exemple même du greenwashing. L’argument écologique est soutenu alors que l’action pour l’environnement est minime, voire même inexistante. Les marques n’hésitent pas à y avoir recours, les consommateurs étant de plus en plus sujets à la consommation responsable. À présent, c’est au tour de McDonald’s de mettre en application la pratique. Et parfois, à coups de communications bien huilées, au risque de tromper le consommateur. Focus sur sa paille en carton « recyclable », hélas un peu trop grosse.

Des pailles en carton recyclables qui ne le sont en réalité pas du tout

Depuis 2018, Mc Donald’s abandonne progressivement ses pailles en plastique contre des pailles en papier. Selon le site internet du restaurant, « 90% des emballages à usage unique de l’enseigne étaient d’ores et déjà en papier et carton en janvier 2019».  Garantie par la firme que ceux-ci étaient « recyclables à 100% », il s’avère qu’une note interne de l’entreprise dévoilée par le journal britannique The Sun vient contredire ces propos. Elle admet que ces pailles ne sont pas réellement recyclables et qu’elles doivent être stockées et brûlées avec tous les autres déchets. Un des portes-parole de l’enseigne a expliqué que la démarche avait été faite pour plaire à la clientèle : « elles avaient été épaissies. Ainsi, alors que le matériau de base était recyclable, leur nouvelle épaisseur les rend difficiles à recycler ». À savoir que celles en plastiques, contrairement à leur benjamine, étaient triées. La même année, McDonald’s a testé un nouveau modèle : les gobelets en carton. Fini les pailles, voici le bec verseur en carton (véritablement) recyclable.

 L’illusion écologique de la paille green n’est pas la première campagne de communication de la marque. En juillet 2020, Mc Donald’s a lancé sa collection de maillots de bain, en collaboration avec l’agence créative Virtue. L’idée ? Créer les fibres des maillots en tissu recyclé, composé d’un mélange de pailles et de déchets plastique récoltés dans les océans. Uniquement disponibles en Autriche, les articles ne sont pas pour autant en vente. On ne pouvait obtenir une pièce qu’en participant à un jeu-concours lancé sur les réseaux sociaux du fast-food du pays. Pas sûr que la collection, destinée à marquer la fin des pailles plastique, puisse réellement permettre le recyclage des 1,8 million de pailles jetées par jour depuis la mise en place de ce système.

La chaîne de fast-food en avance sur la loi économie circulaire

En avril 2019, dans une démarche éco-responsable, le PDG de McDonald’s France, Nawfal Trabelsi révélait qu’il avait pris « la décision de retirer le plastique partout où cela est possible », et que la chaîne de restauration avait beaucoup investi pour innover avec des réponses pertinentes pour ses clients et pour l’environnement. Depuis février 2021, l’enseigne s’attaque aux jouets offerts avec le menu « Happy Meal ». Oubliés les jeux en plastique. Faites place à des coloriages, des cartes à collectionner et des figurines en carton.

La mesure a tout d’abord été annoncée en 2020 par McDonald’s au Royaume-Uni et en Irlande, à la suite d’une pétition lancée en 2018 par deux écolières britanniques afin que le roi du hamburger cesse de donner des jouets en plastique aux enfants. Face à un demi-million de signatures, l’entreprise s’était décidée à agir. Cette nouvelle initiative permettra, selon l’enseigne, l’économie de 3000 tonnes de plastiques par an.

Par la transition green de ses produits, la firme a devancé la concurrence en se conformant prématurément à la législation. Mais, depuis cette année, elle n’est plus la seule sur le marché à faire valoir ne plus offrir de produits en plastiques. En effet, avec ces engagements, Mc Donald’s à pris de l’avance sur la loi économie circulaire. Votée en février 2020, elle interdit d’offrir des jouets en plastique dans les menus enfants à partir du 1er janvier 2022. Cette même loi proscrit à compter de 2021 tous les produits plastiques à usage unique. Dont les pailles en question retirées de la circulation.

À noter que pour lutter contre la pollution, le meilleur déchet est sans doute celui que nous ne produisons pas.

 

 

Crédit photographie: ©JOHN THYS / AFP

 

 

 

Please follow and like us:

No Comments

Leave a Comment

RSS
Follow by Email
Instagram