SOIS JEUNE ET AFFIRME TOI

C’est pendant les vacances, dans une grande salle des sports remplie d’enfants que l’on retrouve Mathilde Rignaud, directrice des tickets loisirs de Carentoir pour le service jeunesse du Brocéliande Communauté. Sa spécialité ? Organiser des débats avec les enfants afin de développer leur argumentation.

Comment est née cette idée d’organiser cet atelier débat ?

Je voulais faire parler les jeunes notamment sur la question du genre en leur posant des questions sur les métiers catalogués plus masculins ou féminins mais également le fait qu’un garçon jouant avec des filles devient suspect aux yeux des autres. J’ai donc participé à une formation qui m’a beaucoup apporté puis j’ai organisé cet atelier. Je voulais les titiller un peu, connaître leur point de vue… Les  enfants ont vraiment pris part aux discussions, cette formule de débat est très intéressante. Également, le fait de prendre la parole, d’attendre son tour, de lever la main, d’avoir quelqu’un en face de soi qui n’est pas forcément d’accord, avoir un argument, le tenir est un excellent exercice pour les enfants. Le sujet devient un support à l’apprentissage de la prise de parole et de l’écoute.

Pourquoi est-ce important de développer cette capacité de débat, donc quelque part cette notion qu’est la liberté d’expression si jeune ?

L’enfant va forcément suivre les mouvements de ses adultes référents, donc les parents ou les instits. Les enfants ont tendance à se raccrocher à des personnes qui sont pour eux au-dessus de tout, ceux qui représentent l’autorité. L’autorité a toujours raison pour eux. Alors qu’il faut savoir que, dès le plus jeune âge, chaque personne a cette capacité d’exprimer ce qu’il ressent, d’être d’accord ou pas avec quelqu’un. C’est bien mieux que d’aller bouder dans son coin ou de s’énerver et de se taper dessus, de rentrer dans le conflit finalement. Deux enfants peuvent très bien discuter et argumenter lorsqu’ils ne sont pas d’accord, c’est quand même bien mieux !

Est-ce que des événements comme l’assassinat de Samuel Paty ont des répercussions sur cet ateliers, sur vos interventions ? 

Ça s’est passé début septembre, nous on intervient pendant les vacances scolaires donc il n’y a pas eu de débats, car c’était quelque chose qui était assez éloigné. Après c’est un sujet qui serait susceptible de revenir, pas sous cette forme-ci mais au travers d’évènements qui pourraient le rappeler. Éventuellement, on pourrait en reparler mais pas de l’acte en lui-même. L’intérêt serait plutôt d’insister, sur la liberté d’expression et sur le rappel que des personnes ont perdu la vie parce qu’elles étaient convaincues de l’importance de cette liberté de parole. Insister sur le fait qu’elles ne sont pas mortes pour rien et qu’il faut continuer de se battre.

Comment vulgariser des événements comme celui-ci ou des notions comme la liberté d’expression ?

J’ai eu l’occasion d’en discuter avec ma fille qui à 9 ans. Je lui expliquais justement ce qu’il s’était passé parce qu’elle en avait entendu parler. Au début elle n’avait retenu que la décapitation, forcément c’est ce qui reste en mémoire. J’ai ensuite tenté d’évoquer la raison de cette violence et lui faire comprendre que l’on peut ne pas être d’accord avec certaines choses, que ce soit des mouvements politiques, des lois, ce genre de choses, mais que l’on n’a pas le droit de réagir de la façon dont lui l’a fait.

Paul Barrière.

Crédit photo : Mathilde Rigaud et les enfants

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